Le Livre des Choses Perdues

51jkjzzdklTitre : Le Livre des Choses Perdues

Auteur : John Connolly

Éditeur : J’ai lu

Genre(s) : fantasy

Nombre de pages :381

Mots-clés : conte de fées, guerre, roi, loups, livres.

L’Europe est sur le point de basculer dans la guerre. Le jeune David est trop petit pour comprendre la politique, mais il n’en ressent pas moins l’inquiétude qui, chaque jour, mine un peu plus les traits de son père. Le garçon se retrouve livré à lui-même, seul avec Rose, celle qui a remplacé sa mère défunte. Mais un jour, la voix de cette dernière l’appelle, elle est là, toute proche, quelque part au fond du jardin, dans ce tronc creux qui, hier encore, n’était pas là… Et voilà David aspiré dans un autre monde, peuplé de créatures tout droit sorties des contes qu’il lit à longueur de journée.
Un lieu magique et violent où, au détour de chaque chemin, le guette un danger qu’il doit affronter s’il veut un jour rentrer chez lui.

Mon avis

Je ne suis habituellement pas une grande fan de fantasy, mais la quatrième de couverture intrigante et le nombre de critiques élogieuses que j’ai lues sur ce roman ont attisé ma curiosité. J’ai reçu ce livre à Noël (merciiii ❤ ) et je peux maintenant vous dire une chose : les chroniqueurs avaient raison ! J’ai dévoré ce livre et c’est une vraie pépite !

David est un petit garçon qui habite Londres avec ses parents. Sa maman, avec qui il partage une passion pour les livres et la lecture, est très malade et meurt. Entre temps, la guerre se rapproche de plus en plus du Royaume-Uni. Le père de David tombe rapidement amoureux d’une autre femme, Rose, qui tombe enceinte. Le père et le fils emménagent   dans sa grande maison à la campagne et David se retrouve de plus en plus souvent seul avec cette femme – et son bébé – qu’il déteste alors que son papa travaille. Il se réfugie dans ses livres et  commence même à les entendre murmurer. Des petits détails étranges parsèment son quotidien. Un soir, il entend la voix de sa mère venant du fond du jardin et décide de la suivre. Peut-être est-elle encore en vie quelque part?

David pénètre dans un tronc d’arbre et en ressort dans un autre monde après qu’un bombardier allemand se soit crashé à sa suite. Le passage vers la réalité se referme presque immédiatement. On se rend vite compte que l’univers décrit par l’auteur est proche de celui des contes de fées, mais la magie qui habite la forêt est noire, malsaine et maléfique. Le royaume où David a atterri – dont on ne connaîtra jamais le nom – est plongé dans le malheur depuis que le roi dépérit dans son château. David va tenter de rejoindre ce roi afin de consulter le Livre des choses perdues, qui est censé l’aider à rentrer chez lui. Mais dans l’obscurité des sous-sols, une ombre rode, prête à aider ou à attaquer à chaque instant…

J’ai adoré ce livre. Le mélange proposé entre les contes de fées, les peurs des enfants et le contexte de la guerre est fascinant. Il s’agit en quelque sorte d’une réécriture des contes de fées, mais une réinterprétation noire, comme si les histoires avaient pourri, étaient corrompues par la réalité. Les nains de Blanche-Neige sont opprimés par la méchante princesse qui les tient en esclavage, les loups ont muté, car Rouge s’est acoquinée avec eux et a donné naissance aux Sire-loups, assoiffés de pouvoir et de conquêtes. Je ne cite que deux exemples du début pour ne pas vous spoiler, mais la façon dont l’auteur revisite les contes est absolument fascinante pour qui aime explorer le côté sombre des récits.

Si ce roman est décrit comme de la fantasy, il ne va pas dans les clichés du genre (et c’est sans doute pour cela que je l’aime autant 😉 ). La magie est là, les créatures fantastiques, le monde imaginaire, le côté quête aussi, mais rien n’était exagéré. Cette ambiance toute particulière, à mi-chemin entre la magie pure et la réalité, m’a happée dans le récit. Un côté que j’ai beaucoup aimé est le fait que le monde évolue en fonction des enfants de la réalité qui y sont entrés. C’est les peurs de David qui prennent vie et il doit les affronter une après l’autre pour avancer. Une scène a cependant réussi à me choquer dans ce récit de par sa cruauté et son caractère malsain : la partie avec la chasseresse. Je n’en dis pas plus, mais je me demande comment un enfant comme David n’a pas été traumatisé à vie par ce qu’il a vu lors de cette rencontre.

Si David est un enfant au début du roman, il évolue énormément au cours de son aventure. Même s’il ne grandit pas beaucoup en âge ou en taille, sa quête l’amène rapidement à l’âge adulte et à la prise de responsabilités par rapport à ses actions. Il est encore jeune, mais ne passe pas son temps à pleurer ou à se poser mille questions sur le pourquoi du comment de sa situation. Il affronte les épreuves avec son courage et son habileté, sans trop réfléchir. Tout est spontané et naturel dans ses actes. Il puise la solution dans ses lectures et devient plus fort à chaque victoire.

Un élément que j’ai trouvé intéressant à noter est le fait que beaucoup de personnages n’ont pas de nom. Ils sont décrits par la fonction qu’ils occupent dans l’histoire, ce qui est un procédé très courant dans les contes de fées. Même le papa et la maman de David, qui sont pourtant ancrés dans la réalité, n’ont pas de prénom !

La fin est très prenante, à la fois horrible et magnifique, et m’a presque tiré une larme ! Au final, je n’ai pas tant été transportée par la plume de l’auteur, que par son imagination débridée et par l’univers incroyable qu’il nous propose avec cette réécriture des contes de fées !

Citations

« Avant de tomber malade, la mère de David lui répétait souvent que les histoires étaient vivantes. Pas vivantes comme peuvent l’être les gens, ou même les chiens ou les chats. Les gens sont vivants, qu’on les remarque ou pas ; (…) Les histoires sont différentes : elles se mettent à vivre dès qu’on les raconte. Sans une bouche humaine pour les lire à voix haute ou une paire d’yeux écarquillés sous les draps, les parcourant à la lumière d’une lampe de poche, elles n’ont aucune existence réelle dans notre monde. Elles sont comme des graines dans un bec d’oiseau attendant de tomber en terre, ou comme les notes d’une chanson sur du papier réglé se languissant de rencontrer l’instrument qui donnera naissance à leur musique. Elles restent endormies, dans l’espoir de se réveiller un jour. Mais quand quelqu’un se met à les lire, elles commencent à se transformer. Elles s’enracinent dans l’imagination du lecteur et peuvent le métamorphoser. Les histoires veulent être lues, disait la mère de David dans un murmure. Elles en ont besoin. C’est pour cette raison qu’elles quittent leur monde pour se frayer un chemin jusqu’au nôtre. Elles veulent qu’on leur donne vie. »


« – Alors, est-ce qu’il ne faudrait pas faire quelque chose?

– Qu’est-ce que tu suggères? Que nous la traquions avec pour seule arme une épée et demie ? David, ce monde est rempli de pièges et de menaces. Nous affrontons les dangers que nous sommes obligés d’affronter, et parfois nous devons choisir d’agir pour défendre un bien supérieur, fût-ce au péril de notre vie. Mais nous ne devons pas risquer notre existence inutilement. Nous n’avons qu’une vie à mener, et qu’une vie à donner. Il n’y a aucune gloire à la gaspiller pour une cause désespérée. »

Conclusion

Un roman sans temps ni lieu, une réécriture de contes de fées noire, mais incroyablement bien maîtrisée. Une quête dans un univers magique, mais sombre et dangereux. Mon premier coup de cœur romanesque 2017 !

coup de coeur

#FungiLumini

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