La fille qui tressait les nuages

fille-qui-tressait-previewTitre : La fille qui tressait les nuages

Auteure : Céline Chevet

Illustratrice : Anato Finnstark

Éditeur : éditions du chat noir

Genre(s) : fantastique japonais

Nombre de pages : 294

Saitama-ken, Japon.

Entre les longs doigts blancs de Haru, les pelotes du temps s’enroulent comme des chats endormis. Elle tresse les nuages en forme de drame, d’amour passionnel, de secrets.

Sous le nébuleux spectacle, Julian pleure encore la sœur de Souichiro Sakai, son meilleur ami. Son esprit et son cœur encore amoureux nient cette mort mystérieuse. Influencée par son amie Haru, Julian part en quête des souvenirs que sa mémoire a occultés. Il est alors loin de se douter du terrible passé que cache la famille Sakai…

Fable surréaliste, la Fille qui tressait les nuages narre les destins entrecroisés d’un amour perdu, une famille maudite et les tragédies d’une adolescence toujours plus brève.

Mon avis

Tout comme pour Les Amoureux de la Lune, j’ai hésité avant de précommander ce livre : sa couverture dans les tons rose et le dessin jeunesse me laissait penser que ce roman ne serait pas mon style de lecture, mais comme il est publié par les éditions du Chat Noir, que j’avais adoré la nouvelle de Céline Chevet dans Bal Masqué, et que Yuixem avait aussi envie de le lire, je me suis laissée tenter, et j’ai bien fait !

Julian, le protagoniste de ce roman est métis : mi-japonais, mi-anglais. Sa famille vit au Japon et il a du mal à se faire des amis à cause de ses traits atypiques. Il se lie cependant d’amitié avec Souichiro, mais surtout, il tombe éperdument amoureux de sa petite sœur. Nous apprenons cependant dès le début qu’elle est morte et qu’il essaie de se remettre de son deuil, bien que sa mémoire ait décidé d’occulter ce jour maudit. Il a comme compagnon de classe, en plus de Souichiro qui n’est pas souvent en cours, Akiko, une jeune fille tellement discrète que les gens oublient littéralement qu’elle est là, et Haru, toujours élégante, mais aux mots acerbes.

Ceci est l’histoire d’un deuil et de comment essayer d’en sortir. Ce roman renferme une douce mélancolie, de la tristesse, une foule d’émotions qui passe en nous grâce à la belle plume de l’auteure. Pas beaucoup d’actions, ni de grandes aventures entre ses pages, mais des ressentis, de la passion, de la révolte, de l’incompréhension face à une situation qu’on ne peut changer.

Le récit ne suit pas un ordre chronologique, puisqu’on passe régulièrement du présent à des souvenirs du passé. Une partie est également le journal de Yuki, une ancêtre de Souichiro et de sa petite sœur. J’ai aimé m’imprégner des différentes temporalités et j’ai trouvé l’intrigue très bien menée de ce point de vue, l’auteure distillant des indices au fur et à mesure. Peut-être un peu trop, puisque j’avais deviné la plupart des grosses révélations, mais ça fait aussi plaisir de se dire qu’on a réussi à trouver la solution du mystère. 😀

J’ai beaucoup aimé découvrir le Japon que l’auteure nous présente. J’ai vraiment eu l’impression d’être plongée dans la culture nippone, que ce soit au niveau des coutumes quotidiennes ou des traditions ancestrales. Après, je ne suis pas une grande connaisseuse de cet univers, mais cette incursion m’a beaucoup plu !

Si j’ai bien aimé les deux personnages masculins principaux, j’ai adoré (et j’avais quand même beaucoup pitié, désolée xD) du personnage d’Akiko. Elle est comme un fantôme, personne ne la remarque, on oublie sa présence même quand elle est juste à côté de nous, on n’entend pas sa voix. Elle ne semble même pas s’en offusquer tellement elle en a l’habitude, c’est trop triste ! Quand elle devient amie avec Julian, il essaie de faire des efforts (même si ce n’est pas toujours facile ni fructueux) pour lui faire ressentir qu’elle compte pour quelqu’un, et c’est super mignon !

Même si la couverture est rose avec des petites fleurs, ne vous attendez pas à une histoire toute choute à l’eau de rose. De sombres secrets se cachent, des souvenirs affreux qu’on préfère oublier, des échos du passé qui hantent le présent. Les chats n’y sont pas toujours bien traités non plus (spoiler de l’auteure, aucun chat n’a été maltraité pendant la rédaction de ce livre, du moins je l’espère :D)

Les en-têtes nuageux des chapitres sont beaux et rappellent le côté onirique de l’histoire. Je me suis quand même demandé pourquoi la personne sur la couverture était une fille, vu qu’on voit (je pense) uniquement Julian sur son vélo dans le roman.

Citations

« Julian en resta bouche bée. Est-il possible que tout n’ait jamais tourné qu’autour d’elle? Et le géocentrisme? Et l’héliocentrisme? Que des salades ! Le centre de l’univers, c’est la lune. Cette minuscule lune qui se tenait devant lui. Il avait treize ans, elle en avait douze, mais dès cet instant, Julian tomba éperdument amoureux d’elle. »

« Je voulais tenir sa main. Je voulais entendre son rire, car seul son rire, désormais, était en mesure de combler le vide qui me rongeait le cœur. Alors, j’appelais son nom, doucement, passionnément puis je le criais, je le grognais, je le pleurais jusqu’à en écorcher chaque lettre. »

« Nous sommes un. Dans la vengeance. Dans l’amour. Dans l’amitié. Dans la rage. Dans le désespoir. (…) Nous, les femmes, nous payons toujours pour l’égoïsme des hommes. Au foyer, au travail, au front. Les siècles n’arrangent rien. Alors, nous ne regrettons pas. Ni moi. Ni elle. C’est notre seule liberté. »

Conclusion

Une immersion dans la culture japonaise, un deuil difficile, un souvenir envolé qui devra bien refaire surface un jour, un passé qui hante le présent, des amitiés fortes pour (presque) tout surmonter, une intrigue bien menée par la magnifique plume de l’auteure. Une très belle découverte !

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#FungiLumini

17 réflexions sur “La fille qui tressait les nuages

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