Les Chaînes du Silence

9782375681374Titre : Les Chaînes du Silence

Autrice : Céline Chevet

Illustrateur : TomTC

Éditeur : éditions du Chat Noir

Genre(s) : fantastique

Nombre de pages : 308

Après avoir sauvé la vie d’un vampire, Nathanaël est contraint de fuir son village. Réfugié au plus profond de la forêt où ces créatures gardent les ombres, il est adopté par l’une d’entre elles qu’il nomme Kael, scellant ainsi son destin.
Malgré sa nouvelle condition d’animal domestique et le silence permanent de son maître, Nathanael observe la communauté qu’il intègre et dont il ignore tout. Pour la première fois, il apprend à contempler ces espaces immenses qui isolent les hommes et abritent les Bêtes, ces créatures issues d’un autre temps.
Lui, l’humain fragile et sensible, symbolise tout ce que les vampires immortels ne regardent plus. Mais parce qu’il choisit de s’attacher pleinement à son maître, leur vie en est bouleversée. De ces chaînes nait un espoir. La liberté. Pour tous les deux.

Mon avis

J’ai craqué pour le nouveau roman de Céline Chevet à la Foire du Livre de Bruxelles : je l’ai acheté le vendredi, et heureusement, parce que quand je suis repassée le dimanche pour le faire dédicacer, tout le stock était épuisé ! J’avais pressenti qu’il aurait du succès et pour cause : le précédent livre de Céline, La fille qui tressait les nuages, avait été une très très belle surprise pour moi et pour beaucoup d’autres lecteurs. Le résumé de ce roman-ci m’inspirait un mélange entre Apostasie et Les Songe d’Adam, et j’avais hâte de découvrir les vampires de Céline, présentés sous cette magnifique couverture intrigante, qui m’a fait penser à Princesse Mononoké en plus sombre.

Deux histoires s’y déroulent en parallèle. On suit le voyage d’un vampire et d’une petite fille qui le suit comme son ombre. Ils sont à la recherche du vampire Kael et tentent de trouver des indices sur son emplacement actuel dans le journal de Nathanaël. Celui-ci est un humain qui a vécu des années au sein d’une communauté de vampires, avec Kael pour Maître. Pourquoi cherchent-t-ils ce vampire et parviendront-ils à leur objectif ?

L’univers proposé est fascinant. Il est habité par des humains, des animaux, mais aussi des vampires et des Bêtes, créatures animales plus fortes, plus imposantes, presque mystiques. L’époque m’a fait penser à un Moyen-Âge tardif, avec des outils toujours fabriqués à la forge, des livres imprimés sous presse mécanique, des remèdes à base de plantes, des tavernes… et une mentalité de village assez retardée (on chasse toujours les monstres et les traitres avec des fourches, des torches et des fusils, il s’y passe toujours des choses étranges dans les recoins sombres, et on a toujours recours à des tortures immondes pour donner la mort).

La nature y a une place particulière, à la fois belle et cruelle, guérisseuse comme assassine. On marche aux côtés de nos deux duos, cheminant parmi des paysages magiques et apaisants. Quand on plonge plus avant dans les profondeurs de cette nature, on croise des villes de vampires, à l’architecture très particulière. Et le plus intrigant reste l’entre-monde, lieu secret et mystérieux au travers duquel les vampires voyagent lorsqu’ils disparaissent…

Les vampires y sont particuliers : ils vivent entre eux, en communauté matriarcale et sont supérieurs aux humains, ils ne portent pas de nom (ce serait les rabaisser, les « humaniser » que de leur en donner un), et ne prennent pas non plus la peine de parler aux Hommes, tout juste font-ils connaître leurs désirs via un petit tintement dans la tête de ceux-ci quand ils s’abaissent à communiquer avec eux. Ils ont de mystérieux pouvoirs et des habitudes de vie qu’on va petit à petit découvrir grâce à l’immersion de Nathanaël en territoire vampirique.

J’ai adoré suivre les personnages de ce roman. Les deux humains abandonnent complètement leur vie, la fillette volontairement et Nathanaël un peu moins, pour être aux côtés de leurs maîtres. Les deux vampires vont eux aussi expérimenter ce qui n’est pas du tout normal pour leur espèce : s’attacher à leur repas et commencer à les considérer comme plus que ce qu’ils sont, voire tisser des liens avec eux. Le livre nous conte leur histoire, car elle est le début d’une nouvelle ère qui va changer le cours des choses. Bien que d’abord perçue comme une faiblesse par tous, leur différence va devenir une force et un atout. Un très beau message de tolérance et d’acceptation de soi. ❤

Si j’ai beaucoup aimé le duo de  Kael et Nathanaël, c’est quand même la petite fille qui m’a le plus touchée, dans sa fragilité, comme dans son obstination à suivre son maître et à le satisfaire. Elle a un idéal de bonheur particulier, et sacrifie énormément pour le voir se réaliser. J’ai aussi beaucoup aimé le personnage de Courage, unique en son genre. Seul petit regret : ne pas avoir pu explorer un peu plus le côté « Bêtes » du roman. On en apprend énormément sur les vampires, mais les autres créatures de la forêt sont un peu délaissées, et j’aurais aimé soit un retournement de situation les incluant ou en savoir plus sur elles.

J’ai trouvé la double narration très originale et prenante. Elle donnait un rythme intéressant au récit et des pistes de réflexion tout au long de la lecture. J’aurais peut-être juste aimé que la fin des extraits du journal soit plus marquée, je lisais parfois un peu trop loin en croyant qu’une narration continuait alors que c’était l’autre qui avait repris. J’ai trouvé la fin du roman très juste et touchante, mais je n’en dirai pas plus ! 😉

Citations

« Mensonges ! Ne vivons plus dans l’illusion. Il n’y a ni Dieu ni Diable ; l’Homme n’est qu’un animal parmi les autres. Et à ceux qui prônent que le vampire est son antagoniste, détrompez-vous. Il est son maître. »

« – Qu’est-ce qui fait le plus peur ? questionna la fillette en sautant dans les pas de son maître. Les Bêtes, les vampires ou les humains ? »

« Cette femme était un hiver sans fin, son visage semblable à la surface d’un ac gelé, ses yeux comme deux stalactites qui se plantaient dans le cœur aussitôt la paupière entrouverte, sa bouche ne soufflait qu’un blizzard désarmant et son âme était pétrifiée sous une montagne de glace. »

« La vie laissait place à la mort, puis la mort fleurissait à son tour. Là où les vampires retournaient au néant, les Bêtes, elles, témoignaient du temps qui passe. Il y avait pourtant une déférence mélancolique dans l’attitude de l’homme, un soupir tragique entre ses lèvres, car les cimetières de Bêtes n’étaient d’ordinaire pas visibles et se cachaient dans les méandres d’une nature envahissante. Celui-ci se dévoilait à la vue de tous, tel un avertissement. Le monde change, soufflait-il entre ses pétales agités par le vent. »

Conclusion

Un coup de cœur pour ce roman vampirique étonnant : une double narration prenante, deux duos de personnages atypiques et touchants, une nature omniprésente, apaisante et effrayante à la fois, tout comme les créatures qui l’habitent, un univers fascinant à découvrir de toute urgence !

coup de coeur

#FungiLumini

7 réflexions sur “Les Chaînes du Silence

  1. Moi aussi j’ai adoré ! C’est assez pertinent la comparaison avec Apostasie, en fait j’ai même envie de dire que c’est le double lumineux d’Apostasie (un peu comme Bratva et Hanafuda xD). J’ai trouvé très original sa réappropriation du vampire et j’ai ressenti beaucoup d’empathie pour les personnages. Bref, je suis d’accord avec tout ce que tu as dit o/

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    • Yeahhh 😀
      Vu que tu l’as lu, tu as lu les remerciements aussi, je suppose. J’ai été perturbée quand Céline a parlé d’un double sens. C’était quoi pour toi? xD

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    • Oui évidemment ! Je pense qu’elle veut dire que derrière l’histoire en elle même il y a une signification en plus. Pour moi tout ce roman est une gigantesque métaphore écologique et sur la puissance de l’empathie. C’est comme ça que je l’ai compris mais j’attends que la chronique soit sortie pour en parler avec elle directement !

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  2. Pingback: [Chronique] Les chaînes du silence, de Céline Chevet – Sometimes a book

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