Le garçon et la ville qui ne souriait plus

48052395_2209752405744366_8704321803159339008_nTitre : Le garçon et la ville qui ne souriait plus

Auteur : David Bry

Illustratrice : Mélanie Delon (Maquette : Miesis)

Éditeur : éditions Lynks

Genre(s) : uchronie

Nombre de pages : 356

Romain fuit chaque nuit sa demeure bourgeoise et confortable, pour rejoindre la Cour des Miracles où vivent les anormaux – fous, difformes, obèses, et autres parias parqués là par les Lois de l’Église. Le soir de ses quinze ans, il découvre qu’un terrible complot vise les habitants de la Cour. Des coupe-gorges de Mouffetard aux ruines de Notre-Dame, il devra compter sur son ami Ambroise, sur Joséphine, Lion et Akou, pour lever le voile sur la conjuration et échapper aux terribles Lames Noires, à la solde de l’archevêque de Paris. Dans un monde assombri par la peur et l’intolérance, le salut peut-il venir de quelques adolescents en quête d’amour et de liberté ?

Mon avis

Je remercie les éditions Lynks pour l’envoi de ce livre ! C’était une des sorties que j’attendais le plus de ce début d’année, ayant adoré Que passe l’hiver du même auteur. Et il s’est fait attendre ce colis (c’était une super belle box avec deux posters, une clé et un livret en plus du livre ❤ ), puisque la poste l’avait égaré, puis miraculeusement retrouvé ! Je n’ai jamais été aussi contente de voir mon facteur arriver avec cette box 😀 Bien que ce livre soit assez volumineux, je l’ai dévoré !

Romain fait partie de la haute société de Paris, mais ne s’y sent pas à sa place. Tous les soirs, il s’échappe par sa fenêtre et plonge dans le fleuve pour aller observer les soirées festives de la Cour des Miracles. Cet endroit, situé sur l’île de la Cité (où se trouve Notre-Dame de Paris), regroupe tout ce que la ville abrite d' »anormaux », ces personnes rejetées pour leurs physiques différents, esprits jugés dérangés ou mœurs dépravées. Tout aurait pu continuer ainsi si Romain n’avait pas appris en écoutant aux portes du bureau de son père (chef de police) qu’un complot visait à détruire l’île, se débarrassant ainsi de ses habitants indésirables par la même occasion…

L’auteur nous décrit une société dans laquelle la différence n’a pas sa place, un monde régi par les lois de la Norme et la peur, qui dictent la bonne conduite à adopter, le physique à avoir et qui ne laissent aucune place à la liberté. Ordre et sécurité sont de rigueur. Notre protagoniste cache un secret qu’il ne peut révéler à personne – même pas à ses proches, ce qui lui pèse énormément –  sous peine de se retrouver à son tour paria. Avec l’annonce du complot, il va devoir choisir entre sa famille, très stricte et conformiste mais qu’il aime et qu’il ne veut pas décevoir, et ce peuple à qui il s’identifie de plus en plus et qu’il apprend à connaître pour son plus grand plaisir. Un choix difficile entre qui il doit paraître être et qui il est véritablement.

Je trouve que l’auteur a construit de magnifiques personnages dans ce récit, des êtres à qui on s’accroche et qui nous touchent énormément, par leur vécu, mais aussi par leur courage et leur persévérance. Tous veulent sauver la Cour des Miracles et n’hésiteront pas à mettre leur vie en danger pour y parvenir et ainsi sauver les gens qu’ils aiment. Une véritable famille s’est formée sur l’île, sans lien de sang, mais unie par un attachement bien plus fort. Liés dans l’adversité et la misère, ils s’entraident pour survivre, partageant ensemble le butin du jour pour que chacun puisse manger.

Si j’ai aimé suivre Romain et partager avec lui ses aventures, c’est les personnages de Lion et Zacharie qui m’ont le plus touchée. Lion est un grand rouquin costaud avec une partie du visage déformée, qu’il cache sous ses mèches. Il est brave, courageux et défend avec ferveur ses amis. Zacharie est quant à lui un petit garçon avec des taches de vin qui sont apparues sur sa peau et un zozotement trop mignon. Abandonné par sa famille, il attend toujours désespérément sa maman, car il est sûr et certain qu’elle va venir le rechercher.

L’auteur fait parler ses personnages « anormaux » avec un parler particulier : celui de la Cour des Miracles (un lexique est disponible à la fin de l’ouvrage si besoin, mais je n’en ai presque jamais eu besoin pour ma part). Une langue à part qui donne un ton particulièrement familier et doux aux personnages qui la parlent.

Les valeurs mises en avant dans ce livre sont essentielles : refuser l’ordre établi quand il est injuste, exiger la liberté, avoir le droit d’être soi-même tout simplement. Vers la fin, plusieurs scènes m’ont mis la larme à l’œil, tellement elles étaient touchantes, fortes en émotions. Quand enfin les injustices sont dénoncées, quand enfin les gens se lèvent pour défendre les laissés pour compte, même si c’est parfois en vain, cela fait tellement chaud au cœur.

Dernière chose, mais non des moindres, la mise en page du livre est top ! Chaque chapitre commence par un extrait de loi, de discours d’un officiel, d’une chanson populaire, qui nous plonge directement dans cette société atypique et son fonctionnement. À la fin de chaque partie se trouve l’illustration d’un objet déterminant dans le chapitre. Et cette couverture magnifique, on en parle aussi? Tout est fait pour vous attirer vers ce livre, et vous auriez bien raison de craquer, parce qu’il est vraiment super !

J’ai juste trouvé dommage que la partie de l’île plus dangereuse soit sous-utilisée. On l’évoque vaguement comme un endroit sordide regroupant les assassins, voleurs et autres truands mais on n’y met presque pas les pieds et ses habitants ne semblent pas vouloir s’impliquer dans le sauvetage de l’île, qui les concerne pourtant directement ! Autre petit élément, mais qui ne devrait pas déranger le lecteur qui a acheté le livre : j’ai reçu un petit livret avec une nouvelle de 4 pages, sorte d’épilogue à l’histoire. Je pense cependant que je n’ai eu qu’une seule des 5 parties (« à l’église Sainte-Mathilde »). Si des chroniqueurs qui ont reçu les autres parties sont intéressés par des échanges avec les parties que je n’ai pas, n’hésitez pas à me le dire en commentaire ! :p J’espère que la maison d’édition ou l’auteur rendront ces contenus accessibles à tous !

Citations

« Alors, j’ai une question à vous poser.
Qui sommes-nous, pour décider de ce qui est normal ou pas? Qui sommes-nous pour décider qui doit vivre dans notre société, et qui ne le doit pas? Et sous quel prétexte? »

« Tu es mon ami parce qu’avec toi, il n’y a pas de limite à ce qu’on peut vivre, à ce qu’on peut essayer d’être. Je comprends aujourd’hui pourquoi. Mais ça n’enlève rien. Au contraire. Ça t’ajoute le courage. Alors, pour tout ça, tu es et tu resteras mon ami. Quoi que tu sois. »

« Plutôt la loi des hommes que celle de la Norme,
L’amour, plutôt que la haine ou le mépris,
Plutôt la main tendue que l’épée brandie.

De toutes nos forces s’opposer à ceux qui détruisent;
Jurer de mourir,
Plutôt que de trahir. »

« Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise cause, il n’y a que des causes auxquelles on croit, ou pas. Les traîtres peuvent être partout. Peut-être même à la Cour des Miracles… »

« Nous savons tous, bien sûr, qui sont ces ennemis: ceux que Dieu, dans Son immense bonté, nous avait depuis si longtemps désignés par leurs traits ou leurs esprits si différents des nôtres, par leurs mœurs incompatibles avec la bienséance, les règles de la nature et celles de Dieu. Les anormaux. »

Conclusion

Une magnifique couverture qui cache un superbe roman plein de belles valeurs : courage, force de caractère, amitié, amour et bravoure. Des personnages super touchants à qui on s’accroche énormément. Une ode à la différence et contre les injustices qui régissent la société. À lire sans modération !

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#FungiLumini

14 réflexions sur “Le garçon et la ville qui ne souriait plus

  1. Comme tu le sais, je partage complètement ton enthousiasme pour ce roman, ses personnages, son atmosphère… Comme toi, j’ai adoré Zacharie qui m’a beaucoup touchée et certaines scènes m’ont également chamboulée par leur intensité. Bref, une belle lecture 🙂

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  2. Je ne connais pas cet auteur, mais le titre m’a attirée et ta chronique me donne vraiment très envie de découvrir ce roman ! Je le note en tête de ma liste ! Merci pour cette chronique détaillée et si enthousiaste

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    • Merci 🙂 Je pense effectivement que tu aimeras beaucoup ce livre ! Je ne sais par contre pas dans quels festivals/salons on pourra croiser l’auteur… Affaire à suivre 😉

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  3. Je peux enfin lire ta chronique puisque je l’ai terminé hier 😀 Je prendrai mon livret à Bruxelles on se l’échangera, moi j’ai eu le dernier. Je partage totalement ton ressenti sur tout ce que tu as dit, hormis peut être sur cette partie dangereuse de la ville. C’est vrai que, d’un côté, à quoi bon en parler si on ne l’utilise pas? Mais d’un autre, ça aurait sûrement alourdi le récit.
    Un petit bijou que ce livre 🙂

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    • C’est surtout le fait qu’on évoque plusieurs fois cette partie dangereuse sans l’utiliser, on aurait pu ne pas en parler, ça aurait été pareil :p mais c’est un détail 😉 j’ai eu l’église ste Mathilde (hasard? Je ne pense pas 😀 )

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