Gris comme le cœur des indifférents

Titre : Gris comme le cœur des indifférents

Autrice : Pascaline Nolot

Illustratrice : Hélène Druvert

Éditeur : Scrineo

Genre(s) : drame

Nombre de pages : 112

La veille, Lyra, quinze ans, a entendu son père frapper sa mère. Pour les deux femmes, hélas, il s’agissait d’un jour ordinaire.

Ou presque.

Aujourd’hui, il n’y a plus de coups, plus de cris.

Ensemble, elles attendent dans un long couloir d’hôpital.

Les pensées de l’adolescente s’emballent, elle ne cesse de songer aux jours précédents…

Mon avis

J’avais super hâte de découvrir ce nouveau roman de Pascaline Nolot, autrice devenue incontournable pour moi (Rouge, Sur l’écorchure de tes mots, Éliott et la bibliothèque fabuleuse, Les Orphelins du Sommeil, Les Larmes de l’Araignée, toutes ses nouvelles…). Je lis majoritairement de l’imaginaire, mais je fais ici une exception car je sais que si c’est un roman de Pascaline, cela allait d’office me plaire ! Je remercie Scrineo pour l’envoi 🙂 Déjà rien que le titre de cette novella est touchant et poétique. La thématique abordée est difficile, mais elle es traitée avec brio par l’autrice. Un sujet qui se veut tristement d’actualité…

Lyra, une ado de 15 ans, attend avec sa maman dans le couloir d’un hôpital. Elle attend que sa grand-mère arrive. On se doute qu’un drame familial est survenu. On apprend rapidement que son père a frappé sa mère et que ce n’était malheureusement pas la première fois. Durant ce moment suspendu, Lyra va se souvenir de moments de sa vie marqués par cette violence à l’encontre de sa mère.

Chaque chapitre porte le nom d’une couleur, associée à un souvenir. Certains semblant heureux, d’autres ne l’étant clairement pas. Malgré cet arc-en-ciel, tout est teinté de gris par la tristesse et l’angoisse qui se dégagent de ses réminiscences, émotions provoquées par l’attitude violente du père envers sa femme. Bien qu’il ne semble pas avoir frappé ses enfants, son comportement les atteint tout de même et leur laissent des marques tout aussi indélébiles, bien que moins visibles à l’œil nu.

L’autrice dépeint parfaitement l’entièreté du portrait familial: le père jaloux et violent mais repentant une fois l’accès de colère passé, la mère coincée dans cette situation et qui fait tout pour protéger ses enfants, les plus jeunes garçons ne subissant pas les violences physiques mais devant vivre avec ce traumatisme, l’adolescente fragile ne comprenant pas forcément toutes les pièces du puzzle. Un élément important est aussi ajouté à ce tableau : l’entourage qui sait ce qui se passe, mais qui ne fait rien pour aider. C’est peut-être la pire des trahisons : l’indifférence face au malheur des proches. L’autrice parle aussi des personnes externes, comme ce professeur qui voit que quelque chose cloche, mais sans pourtant pouvoir intervenir directement face au silence de Lyra, ou encore cet infirmier qui vient voir si tout va bien. Ce sont parfois des petites choses qui signifient beaucoup.

J’ai trouvé le sujet très bien traité, mené avec émotion et sensibilité, et surtout amené d’une façon qui pourrait aussi parler à un plus jeune public, maillon souvent touché indirectement par ces violences. Si ce roman aborde avec brio une thématique très dure, l’autrice n’a pas oublié de mettre à la fin une partie sur comment aider ces femmes avec les associations à contacter. Ne restez pas spectateur, agissez, cela peut sauver des vies !

Citations

« Mais peut-être n’a-t-il jamais changé, en réalité. Peut-être est-ce simplement moi qui, un matin, ai fait sauter de mes yeux les croûtes d’innocence qui m’aveuglaient. Là, j’ai commencé à voir, derrière la muraille des faux-semblants, le sinistre individu qu’il est vraiment. »

« Il paraît qu’au théâtre, les comédiens considèrent que le vert porte malheur. Voilà qui explique sans doute pourquoi dans nos boissons, ce jour-là, la poisse et le néfaste étaient les seules vraies couleurs.
Jour vert, aspirations éphémères… »

Conclusion

Pascaline aborde ici une thématique dramatique : la violence faite aux femmes, ainsi que son impact sur les enfants, pas forcément victimes directes des coups, mais spectateurs silencieux et terrorisés. Un sujet dur, mais nécessaire à aborder vu sa récurrence dans les faits divers, et qui est traité ici avec émotion et sensibilité. Un livre court à mettre entre toutes les mains !

extra1

#FungiLumini

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