Faunes

Titre : Faunes

Autrice : Christiane Vadnais

Illustrateur : Martin Wittfooth

Éditeur : L’Atalante

Genre(s) : dystopie

Nombre de pages : 125

Il n’y aura pas de vivant sans dévoration.

« Laissant surgir d’outre-tombe les monstres du passé, les songes dessinent ce qu’Homo sapiens sapiens perçoit, obscurément, comme les menaces du futur. Ainsi peuplés de cataclysmes et de bêtes, les rêves constituent peut-être des réminiscences de peurs immémoriales, des rappels de la précarité du corps – cette machine gorgée d’eau et pourtant si vite noyée, ce prédateur si facilement dévoré. »

Premier roman de la Québécoise Christiane Vadnais, Faunes observe au microscope l’évolution du cataclysme en cours et estompe les frontières échafaudées de longue date entre l’homme et la nature.

Mon avis

J’ai flashé sur ce livre tout à fait par hasard à la Foire du Livre de Bruxelles. Je ne connaissais pas cette collection de formats courts chez l’Atalante et j’ai eu envie d’essayer. La magnifique couverture de ce roman, à la fois sauvage et végétale, m’a conquise. Il s’agit du premier roman de l’autrice québecoise, et quel roman ! Cela faisait longtemps que je n’avais pas été si happée par une lecture.

Ce roman court se présente comme une suite de petites nouvelles, qui nous semblent au premier abord sans lien, mais dont le sens apparaitra par la suite. Des personnages, de lieux, des éléments reviennent, donnant des pistes à suivre sans pour autant dévoiler la clé du récit. Ces scènes sont entrecoupées de pages noires, avec un petit texte sur les instincts, la nature animale qui nous régente, nous domine, ces penchants qui font que les êtres humains restent des animaux malgré toutes les évolutions.

Cette inclinaison spontanée pour la survie à tout prix, ainsi que ce lien proie/prédateur sont étudiés dans les différentes nouvelles qui nous sont proposées. La nature, résiliente et puissante, est centrale. Comment elle reprend ses droits sur la vie quand elle le veut. Comment elle dirige nos vies. Les personnages subissent ce qui se déroulent et ceux qui essaient de comprendre n’ont pas plus d’emprise sur la situation que les autres.

L’ambiance y est aussi toute en ambivalence : là où la vie éclot, elle se meurt également. Le prédateur rode et la proie n’est pas toujours qui on croit. Il y a parfois de la joie, mais aussi de la peur. De l’émerveillement, de la mélancolie, des moments doux et d’autres affreux. La vie y est décrite dans toute sa complexité et son panel d’émotions.

Cela faisait longtemps que je n’avais plus croisé une aussi jolie plume. J’avais un peu peur du fait que l’autrice soit québecoise, car les structures de phrases et le vocabulaire sont quand même fort différents (du moins dans les autres livres canadiens que j’ai déjà pu lire), mais ce ne fut pas le cas ici. J’ai vraiment pris grand plaisir à parcourir ces lignes, bercée par la langue à la fois rigoureuse et mélodieuse de ces pages.

Citations

« Dans son rêve, elle retrouve une brume où se dessinent les contours d’animaux imprécis, une forêt de silhouettes qui s’effleurent en tournoyant dans l’espace. Des cerfs. Des renards. Des créatures allongées, ni tout à fait couleuvres ni tout à fait vers, s’extirpent hors de cette masse vaporeuse et s’échappent dans l’eau. »

« Mammifères, oiseaux, reptiles reviennent sans cesse à la dévoration. Plongés dans le sommeil, chats et chiens continuent de chasser, les pattes agitées de soubresauts. Volatiles et lézards endormis réinventent le frétillement des insectes, le glissement des vers charnus, la fuite des proies minuscules et l’arrivée de prédateurs plus voraces. »

Conclusion

Un roman court que j’ai adoré : une plume magnifique qui étudie sous forme de nouvelles la force de la nature, mais aussi sa cruauté et sa résilience. Rien n’est jamais acquis, la relation proie/prédateur est sans cesse remise en question. Tout cela dans une ambiance ondulant entre la la joie de donner la vie et la peur de la mort, teintée d’une magie sauvage, primitive. Une lecture que je recommande grandement !

extra1

#FungiLumini

Une réflexion sur “Faunes

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