La dernière geste, deuxième chant : l’héritage du rail

Titre : La dernière geste, deuxième chant : l’héritage du rail

Autrice : Morgan of Glencoe

Illustrateur : Zariel

Éditeur : ActuSF (Naos)

Genre(s) : fantasy urbaine

Nombre de pages : 495

Alors que la nouvelle se répand en Keltia, Yuri, ramenée de force à l’ambassade du Japon, est déterminée à reprendre sa liberté malgré tout. Mais comment fuir, et où trouver refuge ? Seul le Rail semble désormais capable de lui donner asile…

Après les débuts en fanfare de la série La Dernière Geste de Morgan of Glencoe, romancière et harpiste professionnelle, voici enfin le deuxième tome très attendu des lecteurs et lectrices.

Mon avis

Dans l’ombre de Paris avait été un de mes plus gros coups de cœur de 2019. Il me tardait donc de découvrir la suite des aventures de Yuri et de ses comparses, surtout quand on voit dans quelle situation on les avait laissés à la fin du premier tome ! Un tout grand merci à ActuSF pour l’envoi de ce deuxième tome, qui a su m’emporter tout autant que le premier. Attention, cet avis contient inévitablement des spoilers du tome 1.

Yuri est de retour auprès de son père et du dauphin Louis-Philippe : elle essaie, mais n’arrive pas à accepter sa condition de future épouse et sa prison dorée, pas après tout ce qu’elle a vécu dans les égouts. De leurs côtés, les rats ont subi de lourdes pertes lors de l’attaque, pansent leurs blessures et enterrent leurs morts. Le processus de deuil est éprouvant, long et douloureux, physiquement et mentalement. L’autrice retranscrit magnifiquement les émotions de chacun, et cela ajoute une grande sensibilité au récit. J’ai eu plusieurs fois la larme à l’œil durant cette partie, à la fois très triste, mais aussi pleine d’espoir pour la suite.

Heureusement, il y a quand même quelques bonnes nouvelles au début, dont la plus importante est la survie de notre petite barde selkie préférée, Bran ! Sa guérison va être difficile, car en plus de devoir guérir de lourdes blessures physiques, elle doit faire face à la perte de son guide et père, lord Edward, et à la réapparition de son double destructeur. Elle est cependant entourée de tout l’amour de ses proches et de son amoureux médecin spectral Ren pour surmonter ces épreuves, même si certains combats ne peuvent être menés que par elle seule.

Évidemment, Yuri ne va pas rester sur place, et elle ne voit que le rail pour lui venir en aide. Alors qu’on a appris à connaitre la vie de rats dans les égouts dans le premier chant, on découvre dans ce tome 2 la vie en tant que fourmi sur le rail. Et elle est loin d’être de tout repos ! Entre entretien des machines, cargaisons à surveiller et passagers à servir, chacun connait sa place et s’y tient. Une seule voix les gouverne tous : celle de la Capitaine Trente-Chênes, et celui qui lui désobéit n’est pas le bienvenu dans son train. Sous ses airs autoritaires, elle tient cependant à chacun autant qu’à la prunelle de ses yeux et tous donneraient leur vie pour elle et la rame 5. Tout comme les égouts, le rail est une grande famille à laquelle on ne touche pas sans conséquences, où règne convivialité et solidarité.

On suit dans ce tome à la fois la fuite de Yuri, mais aussi les intrigues de la cour, à la fois du point de vue de la reine Gabrielle, de sa demoiselle de compagnie Aliénor, du dauphin Louis-Philippe ou encore de l’ambassadeur blanc Kenzo. Les choses vont beaucoup évoluer de ce côté, pas toujours dans le bon sens. J’ai trouvé les personnages de Gabrielle et Kenzo très touchants : ils décident enfin de ne plus être qui leur condition leur dicte d’être, mais de suivre leur volonté propre et d’agir en fonction de leur cœur. Un beau revirement !

Le cheminement de Yuri va à la fois être physique, puisqu’elle se dirige sur le rail, avec quelques arrêts imprévus, vers Keltia, pays où elle espère trouver la liberté qu’elle a si longtemps recherchée, mais aussi spirituelle : si elle n’est plus princesse et future épouse du dauphin, qui est elle ? Quelle sera sa place dans cette nouvelle société, dans sa nouvelle vie ? En quoi est-elle douée ? Elle en a cependant terminé de suivre ce qu’on lui impose de faire et prend sa destinée en main.

En fait, j’ai presque envie de parler de chaque personnage rencontré, car ils ont tous une profondeur incroyable. Je trouve que c’est une des grandes forces de Morgan of Glencoe : elle ne nous narre pas seulement une histoire, mais la tisse avec mille destins qui s’entrecroisent, chacun aussi important qu’un autre. On s’attache à toutes ces personnes qu’on rencontre, on comprend leurs motivations, leurs envies, leurs sentiments, et on est triste de les quitter, mais heureux d’avoir pu partager une tranche de vie avec eux.

Encore une fois, Morgan of Glencoe propose un univers riche en belles valeurs : la liberté d’être qui on veut être, l’espoir d’un monde meilleur, l’égalité entre tous, la tolérance, la solidarité, la puissance de l’amitié et l’amour… Cette utopie se trouve représentée dans le royaume de Keltia, la destination à atteindre, mais que les grandes puissances veulent anéantir. Une image très forte, encore renforcée par le final de ce roman.

Citations

« Tremblante. Fragile. Limpide. Taliesìn savait que les sentiments de Bran, en toute chose, étaient mille fois plus intenses que ceux de n’importe quel être vivant. C’était sa faiblesse. Et c’était sa force. C’était ce qui la faisait souffrir, et ce qui ferait un jour d’elle la plus grande Barde que ce monde ait jamais connue. C’était ce cœur capable de supporter et d’endurer des émotions sans demi-mesure, si absolues, si pures… et si dévastatrices qu’elles auraient ravagé et détruit n’importe quelle âme. Sauf celle de Skàe. »

« Où était la poigne ferme qui l’avait entrainée dans la danse une vingtaine de jours plus tôt ? Où était le poing redoutable qui s’était interposé entre elle et ses assassins la nuit où elle avait fui le Louvre? Blotti dans sa nuée de cheveux saphir, le visage bleu-gris de Bran, exsangue et creusé, semblait étrangement blafard. Pour la première fois, elle paraissait vraiment ses vingt ans. »

Conclusion

Un second tome tout aussi réussi que le premier et un nouveau coup de cœur pour moi ! On retrouve avec bonheur Yuri et ses amis pour de nouvelles aventures, qui emmène la jeune femme à la fois sur le rail vers Keltia, mais aussi à la recherche de son propre chemin de vie. Quelle place va-t-elle choisir d’occuper maintenant que sa destinée est entre ses mains ? Un roman plein de belles valeurs, magnifiquement bien écrit, et dont les personnages ne vous quittent pas une fois le roman refermé. Une saga à lire au plus vite, vivement le tome 3 !

coup de coeur

#FungiLumini

2 réflexions sur “La dernière geste, deuxième chant : l’héritage du rail

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