Journaux Troublés

Titre : Journaux troublés

Auteur : Sébastien Perez

Illustrateur : Marco Mazzoni

Éditeur : Collection Métamorphose (Soleil)

Genre(s) : beau livre

Nombre de pages : 106

Journaux troublés propose une immersion éblouissante dans l’intimité de malades mentaux. « Bipolarité », « dysmorphophobie », « paranoïa »… tout le monde connaît ces termes. Mais que dissimulent-ils réellement ? Cet ouvrage aborde treize maladies psychiatriques à travers des extraits de journaux intimes de patients d’un asile imaginaire : l’Arion Asylum. L’un après l’autre, ces troubles mentaux se racontent, accompagnés d’une illustration, parabole animalière ; puis s’ensuit une transcription émotionnelle sous forme de bande dessinée, avant de terminer par une description succincte de la maladie. Un livre qui traite magnifiquement d’un sujet ancré dans la société depuis toujours et qui n’a jamais cessé de fasciner.

J’ai toujours été fascinée par la folie et les troubles de l’esprit. On me dit que Sébastien Perez (Les fées de Cottingley, Le magicien d’Oz ou encore très bientôt La Famille Appenzell) a sorti un nouveau roman graphique pour la Collection Métamorphose et qu’il y traite de psychopathologies de la vie quotidienne, je ne peux que m’empresser de me jeter dessus, surtout avec un artiste talentueux comme Marco Mazzoni à l’illustration ! Pas de suspense ici, j’ai adoré ce livre !

Tout commence avec un format BD plutôt classique : deux promeneurs, personnages thérianthropes, découvrent au cœur d’une forêt un lieu abandonné. Un asile délabré, bâtisse silencieuse aux sombres secrets. Lors de leur exploration, le duo va trouver un bureau dans lequel demeure d’anciens dossiers de patients ayant séjourné là… ainsi que de vieux fantômes qui hantent les couloirs. Ils s’installent et parcourent les pages, comme de lointains souvenirs.

Chaque « fiche » de trouble mental commence par un récit, une expérience, une poésie qu’on lit pour tenter de découvrir de quelle maladie souffrait le patient. Un texte court, mais prenant, mettant en avant les sentiments éprouvés et les souffrances vécues au quotidien par le malade. Le nom du trouble est à la verticale sur cette même page. J’essayais pour ma part de ne pas le lire avant d’avoir fini le texte.

La maladie est ensuite magnifiquement illustrée sur un dessin pleine page couleurs, souvent étrange, toujours très beau, avec des animaux. Oiseaux, poissons, écureuils, papillons, grenouilles… Chaque maladie a son « animal totem ».

Vient ensuite une double page noir et blanc mêlant le dessin et de brefs phrases qui content une situation vécue par le patient en traitement, son ressenti sur cette occupation… Le tout est d’une grande poésie, mélancolique, voire tragique, et toujours très juste.

On finit chaque chapitre sur une magnifique double page couleurs. On ne voit pas au départ très bien le lien entre ces dessins et les dossiers des patients, mais petit à petit, la construction se fait et se dévoile tout à la fin de l’ouvrage. Un poster de l’œuvre finale est également offert avec ce livre !

La visite se termine, les promeneurs quittent les lieux, mais garderont toujours en eux des bribes de ce qu’ils y ont vécu…tout comme le lecteur.

« Il était évident que je ne serais pas à la hauteur.
Je ne le suis jamais.
Ils n’allaient regarder que moi, tous !
Mon air pathétique et stupide, ma tenue détrempée.
Aurais-je su sortir les mots corrects?
Ou bien en aurais-je multiplié les syllabes ? »

Un nouveau bijou dans la collection Métamorphose : un magnifique livre d’art porté par la plume poétique et juste de Sébastien Perez et l’imagination sombre, mais colorée, remarquable, mais inquiétante de Marco Mazzoni. Un sujet atypique pour un ouvrage qui l’est tout autant !

#FungiLumini