Le Livre Jaune

LLJC1siteTitre : Le Livre Jaune

Auteur : Michael Roch

Photographe de couverture: Jean-Emmanuel Aubert

Éditeur : Le Peuple de Mü

Genre(s) : voyage initiatique fantastique

Nombre de pages : 140

Un pirate s’échoue sur les rivages de Carcosa, la Cité d’Ailleurs. Persuadé d’être mort, il est amené au Roi en jaune, hanté par le souvenir de ses amours. Ce dernier lui propose de revenir à la vie s’il parvient à le débarrasser de sa malédiction.

Mon avis

Ma dernière lecture de 2018 avait été un énorme coup de cœur : il s’agissait de  Moi, Peter Pan. Quand j’ai su que le nouveau roman de Michael Roch sortait déjà en mars de cette année, j’avais super hâte de le découvrir ! Il y a ensuite eu le super teasing du blog Just a Word qui m’a encore plus donné envie, et j’ai finalement eu la chance de le gagner lors de la dernière masse critique Babelio, merci ! J’avais quand même fait 3 librairies en Belgique avant pour essayer de le trouver, sans résultat. :/

Je pensais que je dévorerais ce livre, comme je l’avais fait pour Moi, Peter Pan. A mon grand étonnement, ça n’a pas été le cas. J’ai mis du temps à entrer dans le récit. Les raisons en sont assez simples : premièrement, de nombreux passages me rappelaient des souvenirs, des moments de vie qui avaient eu lieu ou non, mais mon esprit se déconnectait alors du récit pour se replonger dans mes pensées. Deuxièmement, la plume de l’auteur : GIGANTESQUE COUP DE CŒUR. Tellement coup de cœur que je réfléchissais déjà à avec qui je voulais partager ce livre, et comment j’allais en parler. Ce court roman m’a donc pris un temps considérable de lecture au vu de sa taille, mais je l’ai énormément apprécié !

Je l’avoue, je n’avais pas les références nécessaires pour lire ce livre : je n’ai ni lu Le Roi en Jaune, ni lu Lovecraft (j’ai cependant lu beaucoup de livres inspiration Lovecraft). Cela ne m’a cependant pas empêchée d’apprécier le voyage. Le pirate que nous suivons est accompagné par l’Oeil, un aveugle qui le guide dans son voyage et qui lit en lui comme dans un livre ouvert. Il ne sait pas très bien où aller, suivant ses intuitions, qui le mèneront à sa rencontre avec le Roi en Jaune.

La découverte des paysages, le voyage dans des lieux imaginaires improbables et incroyables m’a rappelé ma lecture de La quête onirique de Vellitt Boe. On assiste à des passages incongrus, on plonge dans des scènes improbables, étonnantes. Un voyage autant intérieur qu’extérieur. La spirale en couverture en est la représentation parfaite : on s’enfonce de plus en plus profondément dans la Cité d’Ailleurs, mais aussi dans le Moi du protagoniste. Les noms des parties du livre font aussi écho à cette spirale vers les profondeurs d’un personnage que nous réalisons petit à petit que nous connaissons.

Le point fort de ce livre a été pour moi la magnifique plume de l’auteur. Poétique, percutante, elle fait appel aux sensations, aux souvenirs, à la sensibilité. Parfois mélancolique et triste, elle peut devenir acerbe et brutale par moments, joyeuse et romantique à d’autres. En quelques mots, elle fait passer tellement de ressentis, d’émotions que le lecteur ne peut qu’être touché en plein cœur par ce maelstrom d’images saisissantes de réalité et de sensibilité.

Le livre commence par les mots « Acte Second ». Est-ce un clin d’œil à Moi, Peter Pan ou l’annonce d’un « Acte Premier » à découvrir bientôt? L’avenir nous le dira 🙂

Citations

« Je ne voulais pas vivre des regrets. Quand bien même étais-je incapable de les refouler. Quand bien même leur mordant m’attirait. Je souhaitais les dépasser ; je préférais vivre des remords et mourir plein de souvenirs, aussi tristes soient-ils, et non de rêves incomplets. »

« Je bouillais intérieurement. Mes organes flambaient à l’huile de mes cauchemars. Je lui aurais vomi à la gueule, je lui aurais planté mes ongles dans ses joues, arraché ses lèvres à coups de dents, détruit sa coiffe, rongé ses liens, fendu ses jambes et sa droiture et sa morale et son empire j’aurais capturé son âme l’aurais broyée engluée dans un sarcophage de venin j’aurais sucé l’essence de sa vie pour la recracher plus loin à la surface du néant j’aurais tout englouti tout avalé tout dégueulé remâché cinq fois dix fois qu’il ne reste plus rien de lui, de sa présence dans ma vie, de son souvenir. J’aurai pilé son souvenir jusqu’à ce qu’il n’en reste moins qu’une poudre, une poussière qui se dissiperait au premier souffle. »

« Je voudrais parfois me transformer en dégoût. Cet amour qui est là, constant, en moi, je voudrais qu’il en sorte. Je voudrais me retourner comme un lapin qu’on dépèce, l’intérieur à l’extérieur, le corps visqueux, décharné, à vif, croulant sur le sol et me laisser mourir pour ne plus ressentir l’absence de ceux et celles qui sont parties. »

« Tu sais, toi, le pirate, ce qu’il en coûte de tout perdre, puis d’avoir à tout reconstruire. Tout aimer, tout perdre. Tout perdre encore, même soi, et tout reconstruire, se reconstruire. S’aimer, puis, de nouveau, tout perdre. Surtout soi. Tu le sais déjà. »

Conclusion

Énorme coup de pour la plume poétique et sensible de l’auteur, tempête d’émotions, de sensations et d’images. Il m’a fallu du temps pour rentrer dans ce livre, voyage initiatique physique et intérieur qui nous mène au cœur de la Cité d’Ailleurs à la rencontre du Roi en Jaune, mais je ne regrette pas la durée du périple !

extra1

#FungiLumini

3 réflexions sur “Le Livre Jaune

    • Oui, je pense qu’il vaut mieux commencer avec Moi, Peter Pan, plus accessible de par son thème que nous connaissons tous mais tout aussi prenant de par sa plume ! (Et moins cher vu qu’il est au format poche maintenant :p)

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