Les questions dangereuses

67600Titre : Les questions dangereuses

Auteur : Lionel Davoust

Illustrateur : Ammo

Éditeur : Hélios (ActuSF)

Genre(s) : roman d’aventures

Nombre de pages : 128

1637 : Qui a assassiné le docteur Lacanne, en plein château de Déversailles ? Pour connaître la réponse à cette question, le mancequetaire Thésard de la Meulière, son libram à la main, est prêt à résoudre les énigmes les plus perfides… jusqu’aux confins de l’indicible.

 Avec Les Questions dangereuses, dans une édition complétée d’une longue interview, Lionel Davoust nous offre un récit haut en couleur dans lequel la moindre énigme peut vous coûter la vie…

« Messieurs, si c’est un mancequetaire que vous cherchez, vous l’avez trouvé ! Allez-vous maintenant sortir de l’ombre ou faut-il que j’y aille vous quérir ? »

Mon avis

Je remercie les éditions ActuSF pour l’envoi de ce livre. Je n’avais encore rien lu de Lionel Davoust, mais mon compagnon aimant beaucoup sa plume, j’ai voulu découvrir à mon tour cet auteur. Une novella au titre rappelant « Les Liaisons dangereuses » et à la couverture évoquant les vieux livres avec gravures et reliures en cuir. Une couverture intrigante puisqu’elle mentionne également la figure du « mancequetaire », mot qui ne m’évoquait rien sinon peut-être un jeu de mots avec les célèbres mousquetaires d’Alexandre Dumas. Je ne peux que vous recommander de choisir la version papier de ce livre, qui contient une longue interview de l’auteur, alors que la version numérique (que Manon a reçue) ne comporte que la novella.

En 1637, la reine se rend aux funérailles du savant Sigismond Frédéric. Lors de cette sortie, ses vaillants mancequetaires sont là pour veiller sur elle. Ils ne parviennent cependant pas à empêcher le meurtre de Jean Lacanne. Un assassinat que ne parviendra pas à oublier Thésard de la Meulière, qui décide d’enquêter sur l’affaire…

J’ai adoré le contexte du récit, dans une France décalée où chaque mot peut blesser bien plus qu’un poing. Les duels se disputent selon des règles bien précises qu’un gentleman ne peut briser, avec des questions qui demandent des réponses rapidement au risque d’un gros mal de crâne, d’une folie passagère ou persistante, voire pire. Cette atmosphère linguistiquement relevée passe beaucoup par le langage soutenu utilisé, que j’ai pour ma part beaucoup aimé. Les armes sont remplacées par des librams (ou le pluriel est-il libras? :p ), livres reprenant les meilleures énigmes de chacun. Certaines questions étaient plutôt simples, d’autres m’auraient tourmentées toute mon existence !

Ce livre comporte énormément de clins d’œil, références culturelles glissées par-ci, par-là. Certains sont expliqués par l’auteur dans l’entretien. Il était d’ailleurs assez drôle de constater que la personne réalisant l’interview avait trouvé d’autres références auxquelles Lionel Davoust n’avait pas pensé. C’est dans ce genre de détails qu’on se rend compte de la force d’interprétation du lecteur, qui nourrit sa lecture de tout ce qu’il connait.

Je ne m’attendais pas du tout au final de cette novella, qui reprend un autre grand classique de la littérature (qu’on utilise actuellement un peu trop je trouve, mais bon ). Je n’en dit pas plus.

Si j’ai beaucoup aimé l’histoire, j’ai trouvé que l’entretien de l’auteur amenait une nouvelle lumière sur ce texte. Des références expliquées, des choix également, le contexte d’écriture… Mais aussi des explications sur le métier d’écrivain, de traducteur, des méthodologies de travail, tout cela sur un ton léger et amusant, comme habituellement avec Lionel Davoust, que ce soit sur son blog ou dans Procrastination, la série audio qu’il anime avec Mélanie Fazi et Laurent Genefort.

Citations

« Le lecteur féru d’histoire se rappellera que le XVIIe siècle constituait à tous égards l’âge d’or de la noblesse d’esprit ; en guerre comme dans les rues, l’on se battait et l’on mourrait encore de manière civilisée, la Réponse coincée dans la gorge, un élégant filet de sang coulant par les tympans, la cervelle vidée par une Question assassine. »


« La littérature n’est pas de la transmission de pensées, c’est de la transmission de sentiments. Tu n’es pas là pour représenter très exactement, pour dicter le moindre détail du film dans ta tête, de ton histoire et de tes personnages, mais pour qu’ils prennent vie dans l’esprit du lecteur ou de la lectrice. »

« En fait, en poussant à fond, on pourrait dire que toute littérature imaginaire est une satire, puisqu’elle se permet de traiter des thèmes d’envergure à travers la lentille d’autres mondes. Que la littérature imaginaire est la plus haute forme du discours civilisé. (Je vous l’ai dit : achetez mes livres) »

Conclusion

Un roman de capes et d’épées revisité, un court récit de mots et de maux, où la bienséance et la courtoisie sont de mise et la force brute bannie. Le tout accompagné d’un entretien très intéressant avec l’auteur. Un format qu’on ne voit pas souvent, et c’est bien dommage !

extra1

#FungiLumini

11 réflexions sur “Les questions dangereuses

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  5. Je me souvenais vaguement que tu avais fait une critique de ce court roman et, comme je viens de le finir, je suis allée la relire ! Je suis d’accord avec ton avis, j’ai trouvé l’histoire assez croquignolette (je viens de vérifier que ce mot existait vraiment…), j’ai passé un bon moment. Et j’ai trouvé l’interview vraiment très intéressante, avec entre autres de nombreuses pistes de réflexion sur l’écriture. Je ne comprends pas non plus cette décision de tronquer la version numérique parce que, sans l’entretien, le roman m’aurait diverti sans véritablement me marquer.

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    • Haha tu m’apprends un nouveau mot cool avec « croquignolette » 😀 Mais oui, c’est vraiment étrange de ne pas proposer le même texte dans la version papier et numérique 😮 Je pense cependant qu’ils ont rectifié le tir pour les sorties suivantes, avec « Le dernier chant d’Orphée » qui est sorti juste après dans la même collection, ils ont joint l’interview aussi au numérique 😉 (même si elle était bien moins intéressante que celle de Lionel Davoust xD)

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