Titre : Le dernier chant d’Orphée
Auteur : Robert Silverberg
Illustrateur : Benjamin « Zariel » Chaignon
Éditeur : ActuSF (collection hélios)
Genre(s) : mythologie
Nombre de pages : 176
On dit qu’il pouvait, par son chant, charmer les animaux et les arbres, sa voix fit chavirer les sirènes elles-mêmes. Mais son cœur appartenait à Eurydice, et lorsque la mort vint la lui ravir, Orphée se présenta aux portes des enfers, armé de sa seule lyre, afin de reprendre à Hadès l’âme de sa bien-aimée.
Robert Silverberg est l’un des derniers maîtres de la science-fiction américaine. Mais c’est dans la veine de Gilgamesh, Roi d’Ourouk que l’auteur des Monades Urbaines et du Cycle de Majipoor revient pour cette réécriture épique du mythe d’Orphée.
J’aime toujours découvrir des auteurs dits « classiques » de l’imaginaire. Avec cette magnifique couverture qui me rappelait un peu Skydoll en plus graphique, j’avais vraiment hâte de découvrir cette réinterprétation du mythe si connu d’Orphée. Elle n’a cependant pas été ce que j’attendais : comme l’auteur est reconnu dans le domaine de la science-fiction, j’avais envie d’y lire une réécriture futuriste et décalée de l’histoire. Ce ne fut malheureusement pas le cas, l’auteur restant assez proche de l’original.
J’aime beaucoup ce format de livre proposé par la collection Hélios, avec une novella suivie d’une interview de l’auteur. Silverberg reprend pour ce court texte un personnage mythologique bien connu pour son voyage aux Enfers : Orphée. À part justement cet épisode, je ne connaissais pas l’histoire de ce personnage pourtant mythique et ce fut l’occasion d’en découvrir plus sur ce fils d’Apollon aux doigts de fée et à la poésie envoûtante.
Le récit se présente à la première personne: Orphée raconte sa vie à son fils Musée (comment a-t-il pu avoir un fils s’il est resté fidèle à Eurydice, mort peu de temps après leur mariage sans lui donner d’héritier, et n’a ensuite connu que des amours homosexuels, c’est un mystère :p). De sa jeunesse à ses voyages, de ses rôles aux aventures propres à son destin, on apprend à connaitre ce demi-dieu qui croit dur comme fer qu’il n’a aucun choix dans la vie, que quoi qu’il décide, sa route est déjà tracée et qu’il est condamné à revivre encore et encore les joies et les malheurs de son existence.
J’ai bien aimé le style d’écriture de l’auteur, ainsi que les réflexions qu’il propose sur le destin qu’on ne peut changer, le cycle de la vie qui se répète inlassablement, les actions des hommes et l’amour. J’ai aussi apprécié découvrir des histoires légendaires sous une autre facette que celle présentée habituellement, notamment le voyage de Jason pour la Toison d’Or, même si je regrette qu’on reste dans un cadre « normal » pour ce genre de récit.
Alors que j’avais trouvé que l’interview de Lionel Davoust dans Les questions dangereuses était un réel plus au roman, j’ai trouvé cet entretien-ci peu intéressant. Déjà, on n’y interroge pas l’auteur sur cette oeuvre en particulier, mais plutôt sur de grandes thématiques. De plus, on avait l’impression que la personne qui interrogeait l’auteur avait beaucoup analysé son oeuvre, mais que ce dernier ne semblait pas plus touché que ça et cassait un peu toutes les théories le concernant. Le réel problème ici a été, je pense, qu’il ne s’agissait pas d’une rencontre, mais d’un échange de mails, ce qui rend le tout plutôt impersonnel et qui a empêché l’intervieweur de rebondir sur les propos de l’auteur.
« Il est écrit que je dois à jamais revivre mon passé, lequel ne se distingue pas de mon futur, tous deux constituant un présent éternel. Je vis, je meurs, et je vis à nouveau, et je meurs encore, et il en sera toujours ainsi, en une constante répétition, dans un monde sans fin. »
« Dionysos, dieu immortel qui meurt, Dionysos qui ressuscite, c’est l’esprit de la vie que les forces de la mort doivent sans cesse affronter. Si on chante de telles histoires, ce n’est pas parce qu’elles sont le reflet de la vérité, mais parce qu’elles éclairent les réalités cachées de notre monde. »
Un récit court bien écrit et plaisant qui reprend le mythe d’Orphée. Manquant un brin d’originalité à mon goût pour une réécriture, ce livre nous fait voyager et (re)explorer les récits mythologiques qui ont bercé notre civilisation. Mention spéciale pour Zariel l’illustrateur de la couverture, dont je découvre ici le magnifique travail !
#FungiLumini
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Je suis d’accord avec toi. J’avais lu la version grand format de ce roman (il me semble que ça date de 2012 ou 2013) et j’avais été assez déçue de voir que l’auteur s’éloignait peu du mythe. En plus, étant férue de mythologies, je connaissais sur le bout des doigts toute la vie d’Orphée, alors je n’ai pas eu trop de plaisir de découverte…
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Oui, c’est vraiment dommage je trouve d’avoir fait une réécriture si proche de l’original, ça n’a pas beaucoup d’intérêt
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J’aime beaucoup l’écriture de Robert Silverberg notamment avec le chateau de Lord Valentin. Je pense par contre que je passerais mon chemin pour celui ci car je suis pas trop fan d’Orphée.
Merci pour cette belle chronique!
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Je ne connais pas le château de Lord Valentin, je vais aller voir de quoi il s’agit ! merci du conseil 🙂
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La couv est magnifique mais comme toi je suis restée sur ma faim. Je m’attendais à complètement autre chose du couo ça a été une déception. Et je ne vais même pas évoquer l’interview dans laquelle je trouvais l’auteur vraiment désagréable
enfin ça ne peut pas fonctionner à tous les coups !
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Au moins, on aura découvert un artiste cool avec la couverture 😀
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C’est ça 😂
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