Marie de pluie

Titre : Marie de pluie

Autrice : Pauline Sidre

Illustrateur : Andrey Bakulin

Éditeur : Ogmios

Genre(s) : fantastique/horreur

Nombre de pages : 92

Elsa et Lucas Gréminoir se rendent à la vieille ferme familiale pour la vider suite au décès de leur grand-père. Ils ne savent presque rien de leur famille, à part qu’elle ne compte aucune autre fille qu’Elsa, les autres descendantes étant toutes décédées en bas âge.
Alors qu’ils se promènent sur le domaine de leur grand-père, ils découvrent la sépulture d’une curieuse Marie. Très vite, Elsa est obsédée par cette mystérieuse défunte que personne ne semble connaître, pendant que Lucas, lui, explore les secrets de la vieille bâtisse isolée.

Mon avis

J’inaugure la nouvelle collection des éditions Ogmios avec ce titre. Lueurs obscures regroupera des textes courts étranges, mystérieux, de fantastique/horreur (tout ce que j’adore !), qui peuvent se lire en une heure. J’avais participé à la campagne Ulule pour financer les trois premiers titres de la collection, ils sont maintenant disponibles sur le site de l’éditeur. La campagne a permis d’avoir de trop chouettes illustrations supplémentaires : des portraits noir et blanc des protagonistes au début des romans. C’est évidemment le texte de Pauline qui m’a fait de l’œil en premier, ayant adoré ces autres écrits (Rocaille, Les douze invités (Bal Masqué) et La Voix des écorces (Féro(ce)cités)) !

Elsa et Lucas aident leur père à ranger/vider la maison de leur grand-père décédé il y a peu. Le vieil homme vivait seul, mais avait pourtant construit de nombreuses annexes à son habitation, tout remplies de bric-à-brac. Les jeunes gens retrouvent de nombreuses notes manuscrites étranges, avec des instructions à ne pas oublier qui leur semblent absurdes ou incompréhensibles. Au cours d’une promenade dans la nature, ils découvrent un cimetière avec uniquement les hommes de la famille, sauf une tombe, encore très bien entretenue, d’une certaine Marie.

Elsa est en dernière année et peine à rédiger son travail de fin d’étude. Elle est en couple avec un gentil garçon qui cependant l’étouffe avec ces attentions et sa banalité. Elle se sent coincée dans une vie qui ne lui correspond plus, frustrée de ne rien entreprendre pour changer. Son voyage pour aider son père devait lui changer les idées, mais le poids qu’elle sent peser sur ses épaules n’y est encore que plus lourd. Lorsqu’une certaine Marie vient toquer à la porte un soir de pluie pour demander refuge pendant la tempête, elle va vite être fascinée par cette jeune fille pleine de vie qui n’a pas peur de faire ce qui lui chante.

De son côté, Lucas est plutôt effacé. Artiste et rêveur dans l’âme, sa famille ne le prend pas tellement au sérieux. Il lui arrive de se sentir invisible aux yeux de tous. Il a du mal à comprendre sa sœur, et cette tension entre eux ne va que s’exacerber lors de ce vide-maison. Une découverte incongrue dans la cave va le pousser hors de ses limites, pour explorer le passé de sa famille.

Le texte est court et très efficace : une fois que les éléments de décor sont plantés, on rentre tout de suite dans l’étrange, voire le malsain. Une malédiction familiale ancienne se dessine sur fond de petit peuple et de trahison. Quelle place y trouveront Elsa et Lucas? Pourront-ils espérer y échapper ?

J’ai adoré l’ambiance de ce texte, entre croyances ancestrales, légendes urbaines et héritage familial. L’écriture est à la fois très rythmée, oscillant entre le présent et le passé, et imaginative, avec une intrigue très bien ficelée. Je ne peux pas en dire trop, car le texte est assez court et se dévore, mais j’ai vraiment été happée par la seconde moitié du roman, qui m’a emmenée de surprises en surprises !

Citations

« Il est des temps et des endroits que seule la lune peut faire apparaitre. Elle est alors cornue, gibbeuse ou ronde comme un œil d’une grosseur obscène, blafarde, rousse ou bleutée. Elle éclaire ce que l’on ne veut pas voir, au plus profond des bois. »

« A la faveur de la nuit, Marie me narra des contes à dresser les cheveux sur la tête. Des histoires bien plus horribles que toutes celles dont nous abreuvait Papa. Des esprits sans tête, des bébés momifiés, des épouses trahies dont le souffle glaçait les herbes de la plaine. La pire de toutes mettait en scène un monstre cornu, à la bouche remplie de ronces, qui ranimait les assassinés au clair de lune. »

Conclusion

Une belle réussite pour cette première lecture de la collection Lueurs Obscures : un roman court, prenant, mystérieux et original. Une malédiction familiale ancestrale plonge nos deux protagonistes au cœur d’une aventure surnaturelle des plus étranges. Un texte rythmé et addictif sur fond de croyances anciennes et d’inquiétante étrangeté. Je vais maintenant me plonger dans les deux autres romans de la collection !

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#FungiLumini

Une réflexion sur “Marie de pluie

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