Titre : Délius – Une chanson d’été
Autrice : Sabrina Calvo
Illustratrice : Cindy Canévet
Éditeur : Mnémos
Genre(s) : fantasy victorienne
Nombre de pages : 298
XIXe siècle. Un poète assassin sème la terreur autour du monde, ses victimes sacrifiées aux cours d’horribles rituels floraux. Sur ses traces, Bertrand Lacejambe, un botaniste excentrique et son fidèle Fenby, elficologue amateur. Aux portes de la folie et de la magie, ils vont devoir braver les dangers de Féerie pour dévoiler la terrible menace que fait peser le Diadème sur nos rêves.
Délius, une chanson d’été nous plonge dans une fantasy victorienne étourdissante, dans un univers merveilleux et effroyable, au cœur d’une enquête délirante sur un ton souvent décalé.
J’avais flashé sur la couverture florale de ce roman et sur son titre intrigant, et une chronique m’a donnée particulièrement envie de le lire (mais je ne me souviens plus de laquelle, désolée xD) C’est d’ailleurs un des seuls romans pour lequel j’ai craqué en librairie ces derniers temps (j’achète presque tous mes livres de l’imaginaire francophone en salon) ! Le Printemps de l’Imaginaire Francophone 2020 a été l’occasion de le sortir de ma PAL. 🙂
J’avoue avoir un peu douté au début de ma lecture. Le scénario de départ me semblait très (trop) classique et j’ai eu peur d’avoir sous les mains une enquête, certes menée par deux individus plutôt excentriques, mais assez commune. Or, cela n’a pas du tout été le cas !
Une étrange série de meurtres se produisent à des endroits distants, mais avec un lien évident au vu de l’état des victimes retrouvées : leur corps est rempli de fleurs et elles semblent avoir été heureuses au moment de mourir. Les enquêtes « normales » ne donnant aucun résultat, les autorités vont faire appel au célèbre botaniste Lacejambe et à son assistant Fenby, passionné d’elficologie. Un duo de choc pour une affaire hors du commun.
La narration de ce roman est polyphonique : parfois le point de vue est celui de nos enquêteurs, parfois du tueur (dont le lecteur connait assez rapidement l’identité), parfois de personnages célèbres ou de quidam… J’ai beaucoup aimé ces changements de perspective, qui donnent un rythme particulier au récit, tout en ménageant le suspense sur certains aspects. Au départ, on ne sait pas où certains extraits vont nous mener, mais tout prend sens au final !
Si au départ, l’intrigue semble plutôt classique, elle prend rapidement un tour fantastique. Le botaniste, dont les cheveux changent de couleurs en fonction de ses émotions, voyage sur les toits à la recherche d’une étrange créature et découvre une fleur pour laquelle il va devoir se battre avec des ramoneurs, les deux enquêteurs vont boire le vin de la Comète et entreprendre un incroyable périple guidés simplement par la magie. Ils vont découvrir des endroits surprenants, dangereux, empreints d’une puissance ancestrale. La féérie tient une place essentielle dans ce roman. Cela n’a pas été sans me rappeler ma lecture de Les fées de Cottingley, qui interroge l’existence des fées dans notre monde. On se demande souvent si ce que les deux enquêteurs vivent comme expérience est réel ou tiré de leurs fantasmes.
Et puis, en musique de fond, flotte la douce mélodie du musicien virtuose Délius, de qui on découvre l’inspiration et le talent, mais aussi le profond désespoir. La mélancolie et la poésie imprègne ce texte. Sur tout le récit plane l’ombre du diadème, à la fois souhaité et redouté, il hante les esprits des plus grands. Bien qu’on en esquisse les contours dans ce tome, on devrait en apprendre plus dans le prochain « La Nuit des labyrinthes ».
« L’inquiétude le gagna. Pourquoi cette plage ? Et pourquoi Dieu la victime riait-elle ? En dépit des boursouflures causées par l’eau, son visage était celui d’un ange, elle avait vu le paradis, elle riait. Tétanisée par la douleur, elle s’était éteinte dans la joie, Gibbs en était désormais persuadé : elle avait connu l’extase avant de mourir. Que pouvait-elle avoir vu ? Qu’est-ce qui pouvait faire sourire quelqu’un comme ça, au point que les rires cachent la mort ? »
« Délius avançait sur le trottoir comme un somnambule. Il jouait des coudes sans se soucier de quoi qui que ce soit. Seuls les déchets de la fête suscitaient son intérêt. Il aimait voir les restes décharnés, pendus à quelques réverbères érodés par les soûlards et l’urine de chien. C’était comme contempler un charnier de bonheur, où toutes les bonnes volontés, les espoirs, légers, virevoltants et bigarrés, seraient entassés comme des corps mutilés aux couleurs passées. »
Une enquête au premier abord classique se transforme rapidement en aventure magique, périple aux mille dangers, sous l’ombre du terrifiant diadème. Un duo d’enquêteurs spécialisé en botanique et elficologie va tenter de retrouver le meurtrier fleuriste. Un texte atypique, poétique, mélancolique, polyphonique et féérique !
#FungiLumini
Je pense que c’était ma chronique, j’ai le souvenir d’un échange entre nous sur ce roman 🤔 en tout cas je suis contente que tu aies passé un bon moment de lecture. J’en garde aussi un agréable souvenir :3
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Je suis contente que tu l’aies apprécié. Je l’ai lu il y a une dizaine d’années et j’en garde aussi un très bon souvenir, en particulier du duo d’enquêteurs. Et bien entendu j’adore cette nouvelle couverture de Cindy Canévet !
Par contre, j’avais aussi lu « La Nuit des labyrinthes » qui reprend les mêmes personnages, mais je ne l’avais pas du tout aimé (je ne sais plus trop pourquoi, c’est une très vieille lecture^^).
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Haha je pense qu’avec la couverture de la première édition, jamais je ne l’aurais lu xD (oui je suis ce genre de lectrice :p ) je suppose que Mnémos ressortira bientôt le tome 2 aussi, mais j’avais lu quelque part « trilogie Lacejambe »… Du coup, peut être aussi un troisième tome inédit ? À voir ! Dommage que le tome 2 ne t’ait pas plu 😮
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Cette histoire de trilogie, ça me disait quelque chose, alors je suis partie en quête de réponses et il existe bien un 3e tome, « Laocoon, hymne d’hiver ». Je pense que n’ayant pas aimé le tome 2, je n’avais pas cherché à en lire la suite.
J’avais lu « Délius » en poche, la couverture s’était améliorée. Mais c’est vrai que la 1e édition Mnémos a un style un peu spécial, je pense que j’aurais aussi fait l’impasse (moi aussi, j’avoue, je me laisse influencer par les couvertures…).
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bonjour
pour moi delius lu en 2003 en édition chez j ‘ai,lu est un bon souvenir
si vous lisez la revue bifrost consacrée à david/sabrina calvo vous en apprendrez plus
sur cet auteur/trice surprenant
je n’ai pas lu les suites
jean pierre frey
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