La Fille aux mains magiques

Titre : La fille aux mains magiques

Autrice : Nnedi Okorafor

Illustrateur : Zariel

Éditeur : ActuSF

Genre(s) : roman graphique

Nombre de pages : 128

Chidera est une enfant malheureuse, mal aimée par ses parents. Elle rencontre un jour des esprits dans la forêt, qui vont tracer un tatouage sur sa main, et lui transmettre leur art Uli. Désormais, la magie des dessins de Chidera va, elle, métamorphoser la tristesse en joie.

Un récit plein de tendresse et de bienveillance par l’autrice de Binti, Nnedi Okorafor, superbement mis en images par Benjamin « Zariel » Chaignon.

Mon avis

ActuSF a encore frappé fort pour sa collection Graphic en réunissant deux valeurs sûres : l’incroyable autrice Nnedi Okorafor (que j’ai découverte avec Binti) et le talentueux Zariel, artiste ayant déjà réalisé de nombreuses couvertures pour la maison d’édition, et également auteur d’un des derniers olni de chez ActuSF, Zombies, mort et vivant. Cet ouvrage est très soigné, avec une couverture cartonnée, une bandelette marque-page en tissu, et bien sûr, de magnifiques illustrations tout au long de la lecture. Mention spéciale aussi pour le cahier graphique final, qui comporte les recherches pour les personnages, mais aussi quelques dessins colorés.

Chidera est une petite fille on ne peut plus normale : élève moyenne, fillette sans histoire, elle vit avec ces deux parents dans la pauvreté une existence triste et monotone. Jusqu’au jour où sa route va croiser celle de trois femmes chantant dans la forêt. L’une d’elles dessine une feuille sur sa main, motif qui ne s’effacera plus. Cela semble éveillé en elle un don caché pour le dessin, et à partir du moment où elle trouve un stylo par terre, elle ne va plus s’arrêter de crayonner tout ce qui lui passe sous la main.

J’ai beaucoup aimé la façon dont cette histoire nous est narrée, par un villageois, une personne extérieure à son entourage proche, mais qui semble tout de même bien la connaitre. L’histoire de cette petite fille qui se découvre elle-même et qui va pouvoir grâce à ce talent auparavant caché sauver sa famille de la misère est puissante, attendrissante et émouvante. Il aura fallu cette aide du destin pour qu’elle reconnaisse qu’elle a un don artistique, qu’elle le développe et qu’elle ose s’affirmer en tant que personne.

Elle est pour cela bien entourée : sa mère l’aide dans sa démarche et ses amies à l’école l’encourage également. Un seul élément m’a un peu chiffonnée: le père de Chidera ne l’estime pas du tout avant qu’elle découvre son talent. Il voulait un garçon et la considère avec dédain et mépris. Cela change du tout au tout quand elle commence à ramener de l’argent à la maison grâce à son art. C’est même lui qui va la pousser à aller voir l’ancienne du village pour perfectionner sa technique et apprendre à maitriser les textures et les couleurs, mais cela me mettait mal à l’aise par rapport à la jeune fille : a-t-il changé parce qu’il est heureux de la voir s’épanouir ou ne s’y intéresse-t-il qu’en tant qu’investissement ?

La force des traditions est aussi soulevée dans ce récit. En effet, l’art développé par Chidera est tiré de l’ancien temps, celui où on dessinait encore des symboles sur les gens et les objets pour leur donner du pouvoir, de la force. Elle va à la fois s’approprier son don, mais aussi se réapproprier cette culture oubliée, effacée par la modernité, et qui cache une force insoupçonnée. C’est d’abord sur ses camarades de classe qu’elle s’entrainera, pour ensuite subjuguer les adultes. Une façon de faire ressortir ses racines et de faire renaître les croyances anciennes.

Les illustrations de Zariel parsèment le récit de ces symboles. Il représente à la fois la faune et la flore qui entoure Chidera, mais aussi les personnes qu’elle rencontre dans son « voyage ». Ces dessins sont nombreux, en noir et blanc, et ajoutent à l’atmosphère exotique et fantastique du récit. Un réel plus pour ce texte déjà très riche !

Citations

« Immobile, elle observa la femme qui dessinait. Sa main bougeait avec une précision et une vitesse d’experte. La feuille tracée était parfaite dans sa simplicité. Quand la femme eut fini, Chidera fixa sa main avec un sourire abasourdi sur le visage. Elle brillait de la même lueur que les motifs alentour. Comme si, sous l’encre noire, sommeillait un éclair. »

Conclusion

Un roman graphique court qui m’a énormément plu : Chidera, petite fille sans histoire, découvre qu’elle a un don pour le dessin et va par la même occasion raviver les traditions de ces ancêtres. Un récit plein de force, de courage et de belles émotions, enrichi par les illustrations atypiques de Zariel. Un livre à mettre entre les mains des petits et grands !

coup de coeur

#FungiLumini

Une réflexion sur “La Fille aux mains magiques

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