Ce qui hante les bois

9782375681367Titre : Ce qui hante les bois

Autrice : Dawn Kurtagich

Illustratrice : Raquel Neira

Éditeur : éditions du chat noir

Genre(s) : fantastique/horreur

Nombre de pages : 348

Fuyant un père qui les maltraite, Silla et Nori arrivent à «La Baume», le manoir de leur tante, une vieille bâtisse couleur de sang. Pour la première fois, les deux sœurs se sentent enfin en sécurité. Mais peu à peu une sombre réalité se dévoile… Le bois qui entoure la propriété n’est-il pas trop silencieux ?

Tant de questions restent sans réponse : qui est cet homme que seule Nori peut voir ? Tante Cath n’est-elle pas en train de sombrer dans la folie ? Et pourquoi les arbres semblent-ils se rapprocher ?

Mon avis

Voilà un livre que j’étais sûre d’aimer : sa magnifique couverture, son titre délicieusement sombre et mystérieux, son résumé empreint de secrets et d’une douce folie…et bien sûr, la maison d’édition qui a choisi de le publier, qui nous trouve toujours des pépites. Ce roman a su tenir toutes ses promesses, ça a été un gros gros coup de cœur ! Attention cependant qu’il n’est pas à mettre entre toutes les mains.

Silla l’ainée et la petite Nori arrivent seules chez leur tante. Celle-ci ne pose pas de question et ne cherche pas à contacter les parents des jeunes demoiselles, le manoir de La Baume dans lequel elle vit se situant au milieu d’un bois, sans confort moderne ni moyen de communication. Le trio mène une vie heureuse pendant un temps, même si des éléments étranges parsèment leur quotidien. Un événement va cependant pousser la tante à s’enfermer dans le grenier et à laisser les deux enfants livrées à elles-mêmes…

Silla est une grande sœur attentionnée. C’est elle la narratrice principale du récit et son ton est très particulier. Elle fait tout son possible pour subvenir aux besoins de la benjamine, allant jusqu’à se laisser dépérir pour la nourrir quand la nourriture vient à manquer, laissant Gowan, un étranger, entrer dans leur vie quand la petite a besoin de social et de joie. Celui-ci veut les pousser à quitter la maison, mais Silla s’obstine à refuser, souhaitant à tout prix protéger sa sœur du monde extérieur, mais surtout ne parvenant pas à surmonter sa peur irrationnelle du bois.

Petit à petit, les choses se mettent en place. Des fragments mis bout à bout nous content la triste réalité, les traumatismes vécus par les filles, mais aussi d’étranges faits. La maison qu’est devenue La Baume est à la fois synonyme de sécurité et de foyer rassurant, mais aussi symbole de peurs profondément enfuies, fantômes qui hantent les lieux. Plus on avance dans le récit et plus il devient étrange, voire malaisant. On étouffe dans ce lieu où l’obscurité prend de plus en plus de place. La faim se fait sentir, on n’a plus de véritable notion du temps qui passe, des événements curieux se passent et on ne sait plus vraiment ce qui est vrai et ce qui est inventé.

Dans cette terrible spirale de désespoir, le vide, l’absence sont des notions récurrentes : que ce soit l’absence d’adultes, de nourriture, de lumière, d’espace… et ce vide qui est en fait une présence obscure qui se faufile dans les couloirs…

Le travail de mise en page de ce livre est au top : des extraits sur « papier », des typographies différentes, du texte disséminé, les petites poésies au début des chapitres et ces branches qui s’immiscent de plus en plus au fil des pages qui passent… Une esthétique qui plonge vraiment le lecteur dans l’ambiance d’étrangeté et de douce folie de ce roman.

Citations

« – Il faut que tu aies la foi.
– En quoi? fis-je d’une voix un peu trop amère. Dis-moi autre chose, Gowan. Raconte-moi des histoires de ciel et de mer. De lieux emplis de magie. Des contes où la musique danse dans le vent et où les filles tournoient sur le sable. Raconte-moi ça, Gowan.
Dis-moi des mensonges agréables, et j’y croirai avant de les jeter au loin. »

« J’essaie de sourire, mais il est jeune et bête, et il ne connait rien de la vie. Je sais ce que c’est. Je sais que l’amour est une faiblesse qui s’insinue sous ta peau et écorne ta pierre jusqu’à  ce qu’il ne reste plus qu’un bazar sanglant. »

Conclusion

Un roman incroyable où rodent folie et étrangeté, un huis clos suffocant et fascinant dans lequel deux jeunes filles se retrouvent seules à devoir affronter leurs souvenirs et leurs peurs, ainsi qu’une présence mystérieuse. Une mise en page au top qui plonge le lecteur dans cette ambiance atypique et sombre. Un gros coup de cœur !

coup de coeur

#FungiLumini

2 réflexions sur “Ce qui hante les bois

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