Je suis Fille de Rage #plib2020

69554Titre : Je suis Fille de Rage

Auteur : Jean-Laurent Del Socorro

Éditeur : ActuSF (Les trois souhaits)

Genre(s) : récit historique fantastique

Nombre de pages : 561

#ISBN9782366294774

1861 : la guerre de Sécession commence. À la Maison Blanche, un huis clos oppose Abraham Lincoln à la Mort elle-même. Le président doit mettre un terme au conflit au plus vite, mais aussi à l’esclavage, car la Faucheuse tient le compte de chaque mort qui tombe. Militaires, affranchis, forceurs de blocus, politiciens, comédiens, poètes… Traversez cette épopée pour la liberté aux côtés de ceux qui la vivent, comme autant de portraits de cette Amérique déchirée par la guerre civile.

Mon avis

J’avais déjà craqué pour Royaume de vent et de colères du même auteur dans cette collection, mais je ne l’ai pas encore sorti de ma PAL : dur dur de se décider à prendre un si beau livre dans les transports ! Le problème était réglé avec Je suis Fille de Rage puisqu’il est tellement énorme qu’il était compliqué à transporter :p J’ai donc passé de longues soirées au coin du feu à me plonger en pleine guerre de Sécession dans cet ouvrage magnifique (couverture en dur, dorures, signet en tissu) au titre duquel se dégage une puissance évocatrice. Une immersion totale dans ce conflit historique, mais au combien cruel.

Je vais commencer avec ma petite déception : il n’y a pas vraiment d’imaginaire dans ce récit. À part le président Abraham Lincoln qui voit la Mort dans son bureau et converse avec elle, le reste est certes de la fiction, mais pas de l’imaginaire comme ActuSF en publie habituellement. Mais au final, cela n’a pas beaucoup d’importance, car ce roman est une réussite sur le plan historique, et j’aime pour ma part également beaucoup les récits qui retracent l’Histoire qui a mené à notre société actuelle.

Ce conflit, je le connaissais au travers de la BD des Tuniques Bleues, mais aussi grâce à mes voyages aux USA (j’ai eu la chance notamment d’assister à la reconstitution de la bataille de Gettysburg !). C’est une guerre complexe, entre citoyens d’un même pays qui se déchirent pour défendre les valeurs qu’ils croient fondamentales à leur identité nationale.

Chaque chapitre commence par le drapeau du camp dans lequel on se trouve, la date et l’endroit, ainsi que parfois une petite carte pour nous situer. Une aide précieuse pour bien appréhender les nombreux personnages et événements décrits. J’avoue avoir été un peu perdue au début par cette foule d’informations, mais tout se met rapidement en place. Bien que ce livre soit une brique, j’ai aussi trouvé que les pages se tournaient très rapidement, à la fois grâce à la mise en page aérée proposée, mais aussi grâce à la fluidité de l’écriture.

Une des richesses de cet ouvrage est la base de documents d’époque utilisée pour étoffer les portraits des personnalités et l’ambiance générale. L’auteur présente ici un travail colossal de recherches, de collecte et de traductions de documents tels que des lettres officielles et privées, des extraits de journaux d’époque, des arrêtés… concernant ce conflit. Ces éléments réels sont mis entre deux lignes et en italique pour être différenciés de la fiction et nous plongent dans le contexte « réel » de cette guerre.

Les personnages dépeints dans les bribes de vie sont très différents et permettent une vision globale du conflit : il y a les généraux des deux camps, mais aussi les soldats, civils de diverses professions, esclaves affranchis, observateurs externes, contrebandiers… Chaque voix est forte d’une émotion qui lui est propre, d’un acharnement à défendre ses idées et de sacrifices à la nation. Mais on découvre aussi la triste réalité du champ de bataille à l’époque. Les pertes ont été immenses, les combats cruels et sanglants, comment peut-on ressortir d’un tel traumatisme ? Comment peut-on imaginer un même peuple se déchirer de façon si insensée ? L’immersion est totale, et nous semble tristement tangible.

Citations

« – Nous allons compter ensemble, Abraham. Un trait pour chaque femme, homme et enfant qui tombe au cours de cette guerre. Peu importe leur camp : pour moi, toutes les morts se ressemblent.
– Arrête !
Je trace une nouvelle barre avec application.
– Mais Abraham, mon ami : ça ne fait que commencer.« 

« Quatorze brigades. Quatorze assauts. Quatorze mille pertes finalement dans nos rangs. Trois jours et trois nuits mêlés de râles, de cris d’agonie et de coups de feu ennemis qui achèvent nos blessés restés sur les champs de bataille. Je suis au-delà de la peur et du dégoût. Il le faut, si je ne veux pas moi aussi sombrer dans la folie et mordre le canon de mon fusil pour me loger une balle dans le crâne. »

« Es-tu de l’autre côté de ce muret, père ? Sommes-nous dos à dos, simplement séparés par une couche de terre, alors que nous sommes assis pour profiter de quelques minutes d’accalmie ? Est-ce ton sang qui macule la pointe de ma baïonnette quand je la ressors de la palissade dans laquelle je l’ai enfoncée ? Est-ce ton cri que j’entends quand je décharge mon fusil à travers la fumée âcre qui me pique les yeux ? »

« Je n’ai pas honte. Fuir, c’est se rappeler à la dernière seconde que l’on est un être vivant avant tout. Nous sommes nombreux à être frappés de ce soudain bon sens. Nous courons pour mettre le plus de distance possible entre nous et l’ennemi. Je file à en perdre le souffle pour atteindre l’abri qui est à une centaine de mètres devant moi. »

Conclusion

Un écrin de prestige pour un roman historique capital : basé sur de longues recherches et des documents d’époque, ce récit nous emmène au cœur du conflit qui a déchiré les USA entre 1861 et 1865, grâce aux voix des différents protagonistes, célèbres ou inconnus. Une immersion réussie dans les combats sanglants sur lesquels se sont bâtis les États-Unis !

extra1

#FungiLumini

6 réflexions sur “Je suis Fille de Rage #plib2020

  1. J’ai eu la même surprise avec à la pointe de l’épée où il n’y a aucun élément surnaturel. Je ne m’y attendais pas mais au final on s’en accommode parfaitement :3 j’ai reçu celui la en numérique donc j’attends avec impatience de voir ce que la mise en page donnera o/ c’est ma prochaine lecture je pense après une pause avec un UHL, je me réjouis :3

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    • Oui, ça y ressemble très fort, même si les pensées/actions des différents personnages sont majoritairement imaginées par l’auteur, il y a quand même une énorme base de recherche et de documents d’époque sur lesquels cette construction de personnages, décor et événements est basée, que ça peut très bien se lire comme documentaire !

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  2. Pingback: Je suis fille de rage par Jean-Laurent Del Socorro – Le monde d'Elhyandra

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