Asphodel

Titre : Asphodel

Autrice : Louise Le Bars

Illustratrice : Flokera

Éditeur : Noir d’Absinthe

Genre(s) : fantastique vampirique

Nombre de pages : 240

Dans Asphodel, nous parcourons les siècles, du XVIIIe à nos jours, aux côtés d’un vampire qui – poète macabre – nous conte sept meurtres de femmes ayant marqué son existence. Pourquoi les tue-t-il, elles en particulier ? Et quelle est cette mystérieuse entité qui prend vie au fil des lignes ? En nous mettant dans la peau d’un monstre fantastique, le roman aborde des thématiques féministes et nous pousse à réfléchir sur les origines du mal.

Mon avis

Après avoir adoré Vert-de-Lierre, le premier roman de Louise, je ne pouvais que craquer pour son second roman, toujours dans la veine du vampirisme, mais avec une version plus classique de ce personnage mythique. Vous connaissez mon amour pour les beaux livres et les œuvres illustrées, j’ai donc évidemment succombé à la tentation de la version prestige. J’ai été étonnée en le recevant de découvrir un roman au format A4 et non au format classique plus petit, ce qui fait la part belle à l’illustration et à la mise en page originale ! Le roman est préfacé par Vincent Tassy, ce qui présageait le meilleur !

Asphodel est un vampire assez proche du mythe originel : un buveur de sang prédateur, séducteur arrogant et imbu de lui-même. Dans 7 chapitres, il nous raconte 7 femmes qui ont marqué son existence d’une façon ou d’une autre. Religieuse, prostituée, noble, sorcière, toutes se démarquent par une particularité, un éclat qui a attiré le vampire, qui n’a alors eu de cesse de la posséder. Certaines se laissaient faire avec délice et volupté, d’autres moins. Vous l’aurez compris, ce roman n’est pas à mettre entre toutes les mains, entre débauche, violence et giclées de sang, âmes sensibles s’abstenir ;). J’ai aimé parcourir ces tranches de vie, dans lesquelles on ressentait au travers de la plume poétique de Louise qu’Asphodel, bien que joueur, n’était pas aussi insensible que ce qu’il voudrait le laisser paraitre.

J’ai beaucoup aimé, au travers des différents portraits, voyager à travers les époques. Les illustrations aident à cette exploration des âges en montrant notamment les tenues d’époque. Asphodel évolue majoritairement dans les hautes sphères de la société. J’étais très intéressée par exemple par l’époque où le spiritisme et les soirées autour d’une table à jouer à « esprit es-tu là? » étaient en vogue, ou encore par ces événements autour du personnage tristement célèbre de Jack l’éventreur.

Dans des intermèdes, on découvre un autre personnage à l’identité au départ inconnue. De petite fille, elle évolue rapidement vers son statut de femme. Elle est fascinée par la danse des étoiles et le trésor, qu’elle collecte sur les gens pour étancher sa soif. Bien que ses actes soient tout aussi monstrueux que ceux d’Asphodel, elle a une innocence, une sensibilité, qui la rendent attachante.

Dans les derniers chapitres, le ton change totalement, passant du récit biographique et narcissique à une réflexion introspective, presque philosophique. Porté par la magnifique plume de Louise, ces moments semblent arrêtés dans le temps. On découvre aussi l’identité de la narratrice des intermèdes, et j’ai adoré le lien fait avec une autre tradition, une autre culture.

Je n’étais pas sûre d’apprécier les illustrations qui ne sont pas dans l’esthétique que j’apprécie habituellement, mais au final, le rendu du roman est magnifique, et les images, mises en valeur en pleine page et colorisées, rendent encore plus belle cette histoire à travers les âges. J’ai beaucoup apprécié la mise en page du texte également, bordée de ronces et de roses, ainsi que le fait que les pages d’Asphodel étaient sur fond blanc et celles des intermèdes sur fond noir. Un contraste qui accentue le fait qu’Asphodel se dévoile alors que l’autre personne évolue dans le noir.

Citations

« Tu m’obsédais, Velma, comme l’abîme obsède le désespéré tenté par le suicide ; comme la luxure obsède le moine astreint à la plus ascétique vertu. Tes lèvres rouges m’aspiraient, me façonnaient à ton image. Toujours en quête d’un trésor à prendre, d’une saveur à goûter, d’un parfum à humer. J’aimais me laisser engloutir par ta faim irrépressible. Un temps. »

« Celui-ci respire la graisse et la sueur. Sa démarche est lourde et son œil fuyant. Mais surtout, sous la pesante émanation de son corps huileux, un parfum de perversité fait de souffles rauques, de rires entrecoupés et de cris d’enfants. Je tressaille sous la vague de dégoût qui me submerge en le perçant à jour. Il se dirige vers un supermarché. Je l’ai choisi. Il sera ma première victime. »

Conclusion

Un voyage à travers les époques avec un narrateur des plus vaniteux : vampire assoiffé de sang et de passion, Asphodel conte des tranches de vie qui l’ont métamorphosé. La plume poétique de Louise porte ce personnage mythique et atypique, tout en nous proposant de mystérieux intermèdes avec une protagoniste qui m’a beaucoup touchée. Un très beau livre-objet qui met ce texte original en valeur !

extra1
public averti horreur

#FungiLumini

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