Titre : Je suis ta Nuit
Auteur : Loïc le Borgne
Illustrateur : Cindy Canévet
Éditeur : ActuSF
Genre(s) : fantastique
Nombre de pages : 384
La France, un été, quelque part dans les années 80. Pendant un banal concours de casse-bouteilles, six enfants découvrent un cadavre mutilé, sans lèvres, sans sexe et sans doigts. Et ce n’est que le premier d’une longue série. Pierre et sa bande de copains inséparables sont obligés d’enterrer leur enfance et certains de leurs proches alors que le Puits et l’homme au chapeau haut-de-forme s’emparent peu à peu de leur innocence.
Avec Je suis ta nuit, Loïc Le Borgne nous offre un véritable page-turner de l’angoisse.
« Bouffée d’angoisse entre Stranger Things et Stephen King », couverture magnifique par la talentueuse Cindy Canévet, titre sombre et mystérieux : il ne m’en fallait pas plus pour avoir envie de dévorer ce roman ! Ce fut ma première lecture pour le #pumpkinautumnchallenge2020 , dans la catégorie « Je suis Médée, vieux crocodile ! » (horreur, épouvante, thriller), un roman super adapté à la saison !
Cité Stephen King comme inspiration de ce livre est une évidence : on retrouve un club des ratés à la française, groupe de garçons dans lequel chacun a ses défauts et la jeune fille, soleil de la bande dont tout le monde est amoureux. Alors que les vacances d’été approchent, une sombre présence rode sur la ville, et les enfants sont les premiers à voir les signes du fléau qui va frapper sous peu…
Ce récit est présenté comme une longue lettre, un souvenir que Pierre écrit en une nuit à l’attention de son fils, pour lui raconter le bonhomme Nuit, ses dangers, mais aussi comment le battre… mais peut-on vraiment espérer le vaincre ? C’est une histoire à la fois touchante, nostalgique, pleine d’évocations d’un passé qu’on sait être loin, mais aussi tragique, car Pierre sait ce qu’il lui reste aujourd’hui de cette époque… et surtout ce qui lui manque.
J’ai adoré l’ambiance de cette lecture : à la fois très sombre, angoissante, voire terrifiante à certains moments, elle parvient aussi à mettre en avant les moments de joie, les petits bonheurs quotidiens et l’amitié enfantine, plus forte que tout. La peur s’instille aussi petit à petit, d’abord dans des détails, futilités qu’on oublie, puis dans des impressions plus marquantes pour finalement s’ancrer au plus profond de chacun.
J’ai aimé le fait que les réactions des enfants soient réalistes : leurs relations entre eux, leur insouciance, leur imagination débordante, mais aussi la peur qui les paralyse, les tétanise au point de laisser l’horreur se produire.. mais aussi le courage et la force de l’amitié. Bref, des réactions humaines et touchantes qui font qu’on s’attache rapidement à eux. J’ai d’ailleurs aussi beaucoup aimé la plume de l’auteur, que j’ai trouvé très juste et assez mélancolique.
Bien qu’au centre du récit, le bonhomme Nuit est assez peu présent physiquement. Sa présence se ressent plus qu’elle ne se voit : la rumeur se propage, son aura flotte sur la bourgade, voile le regard des gens qu’il possède et aveugle, laissant les victimes dans le noir le plus complet. Ses sbires par contre sèment la terreur en ville : corbeaux agressifs, doberman enragé, scarabées envahissants. J’ai adoré le moment de la confrontation finale : j’ai trouvé à la fois le décor grandiose, les paroles du bonhomme nuit poignante et les étapes audacieuses jusqu’à la révélation finale… un peu attendue, mais tout aussi horrifiante.
« Certains jours, on aimerait que nos amis soient muets. Ou, juste une fois, leur foutre un bon poing en pleine gueule. »
« Je vais écrire ces jours enfuis. Une histoire de peur et de néant, mais aussi de rires et de lumière. Les premiers n’existent pas sans les seconds, c’est une éternelle dualité. Pas de vie sans mort, pas de beauté sans horreur, pas de magie sans maléfice. Il y a toujours un moment où l’on finit par comprendre, au sortir de l’enfance ou de l’adolescence. Nous n’avons alors que deux solutions, Tristan : surmonter cette découverte ou y succomber. »
« Et il faisait beaucoup trop froid sous cet arbre. Et sombre. Et triste. Tout était noir. Un noir qui vous envahissait, qui pouvait vous emporter comme une lame de fond sur une plage la nuit. »
Un roman à la fois sombre et lumineux, angoissant et joyeux. Un hymne à la puissance de l’amitié et de l’imagination, mais aussi une ode à la peur et à l’obscurité. Un club des ratés français super attachants porté par une plume des plus justes. Une lecture que j’ai adorée !
#FungiLumini
Il est aussi dans ma pile a lire pour le pumpkin autumn challenge, je pense que je le lirai en octobre, ça devrait être parfait niveau ambiance !
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