Face au dragon

couv-argent-texture-1Titre : Face au dragon

Auteure : Isabelle Bauthian

Illustrateur : Qistina Khalidah

Éditeur : Projet Sillex

Genre(s) : fantasy/ young adult

Nombre de pages : 464

Polyxène est une jeune fille qui arrive très vite aux bonnes conclusions. Pourtant, confrontée à une île qui défie la science, entourée d’adolescents qui prétendent appartenir à des époques différentes, il lui faudra toute la capacité d’abstraction dont elle est capable. Surtout quand le seul moyen de quitter sa prison est a priori de tuer un dragon et que sa seule arme est son intelligence…

Projet Sillex : un nouveau concept dans le monde de l’édition

Le projet a vu le jour grâce à la volonté de deux chroniqueurs (What about a dragon?) de rendre le système éditorial plus juste et plus rémunérateur pour celui sans qui le monde du livre ne serait rien : l’auteur. En effet, saviez-vous que sur le prix du livre que vous achetez, l’auteur ne touche souvent que 8 à 12 % du montant ?

Projet Sillex est la première plate-forme de financement participatif (www.projets-sillex.com) dédiée aux littératures de l’imaginaire, appuyée par une structure éditoriale à compte d’éditeur, qui effectue le travail de sélection et travail des manuscrits, ainsi que de la promotion du livre. Avec ce système, l’ambition est aussi de permettre aux lecteurs de s’engager véritablement dans le processus de création d’une oeuvre.

Le projet privilégie le circuit court du livre. Vous pouvez vous procurer le livre grâce à la campagne (via les différentes contreparties proposées, en papier ou en numérique) du 8 octobre au 23 novembre, mais il n’y aura presque pas de stock imprimé en plus que les commandes réalisées pendant la campagne de financement. Si vous souhaitez ce livre, n’attendez donc pas la fin de la campagne en vous disant que vous l’achèterez quand il sera disponible en salon ou sur amazon. Le but ici est de cibler la demande et d’éviter que des quantités de livres soient envoyées au pilon. Une démarche éco-responsable.

Grâce à ce système, l’auteur va pouvoir toucher 30 % du montant récolté, et non plus 10% ! Qu’est-ce qui permet de le payer plus? Ne plus passer par le vendeur de façon traditionnelle (revendeur qui prenait entre 30 et 40% du livre, voire plus sur les sites comme Amazon…). Cette tranche n’est cependant pas exclue du Projet Sillex, puisqu’elle est invitée, tout comme les lecteurs à réserver le nombre d’exemplaires voulus durant la campagne (avec tarif préférentiel pour qu’ils y gagnent aussi leur vie)

Et si le montant n’est pas atteint? Ceux qui ont participé à la campagne sont remboursés, l’auteur récupère ses droits sur son manuscrit et ne doit payer aucun frais pour la promotion et le travail éditorial déjà réalisé.

Deux autres sorties sont déjà prévues : un roman cyberpunk de Mathieu Rivero (auteur que j’ai découvert avec mon coup de cœur pour Tout au milieu du monde) ainsi que le premier roman de Pauline Sidre (une auteure dont j’ai adoré la nouvelle dans l’anthologie Bal Masqué, autant au niveau de l’histoire que de la plume !) Deux projets à suivre de près donc, car ils promettent du lourd !

Si vous avez d’autres questions sur ce projet éditorial, n’hésitez pas à les poser en commentaire ou à contacter Projet Sillex via contact@projets-sillex.com.

Rendez-vous sur www.projets-sillex.com pour réserver votre exemplaire !

Mon avis

Et si on parlait un peu de la première publication maintenant ? J’ai eu la chance de recevoir un exemplaire de l’épreuve non corrigée du livre, un des seuls exemplaires déjà en circulation, merci Projet Sillex ! La couverture réalisée par Qistina Khalidah est juste magnifique, et la compréhension qu’on en a évolue au fil de la lecture. Je ne connaissais pas encore l’auteure Isabelle Bauthian, mais j’avais déjà entendu beaucoup parler d’elle avec ses deux précédents ouvrages : Anasterry et Grish-mère. J’étais donc ravie d’avoir l’opportunité d’enfin découvrir son travail !

Poly vient de gifler la fille de qui elle est le souffre-douleur depuis des années. Ce n’est pas une réaction qu’elle aurait eue normalement, mais là, elle n’en pouvait plus. Alors qu’elle s’enfuit dans la forêt pour trouver refuge et calme, elle ferme les yeux un instant et lorsqu’elle les ouvre à nouveau, elle ne reconnait plus le paysage. La faune et la flore se liguent contre elle et elle ne doit son salut qu’à sa rencontre avec Simon, qui va la mener dans un camp de fortune où d’autres rescapés se trouvent.

Poly va découvrir ses compagnons d’infortune et cela va lui réserver quelques surprises : ils sont 3 garçons (Olri, Nigel et Simon) et une fille (Menine) à venir d’époques différentes. Ce détail entraîne des problèmes, notamment sur la compréhension que chacun a du monde. Par exemple, Poly a la peau noire et les cheveux teints en rouge et cela va créer des réactions inattendues chez les habitants de l’île : Menine va la croire magique alors que Nigel la considère comme une personne inutile et faible. J’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteure travaille les relations entre les différents personnages. Bien sûr, elles évoluent au fil du roman, mais d’une façon très naturelle, avec des tensions et des crises bien sûr, mais aussi des rapprochements et des moments très forts et touchants. C’est une très belle leçon sur les relations humaines et la force d’une amitié sincère.

Poly n’a rien d’une héroïne : c’est une jeune fille intelligente, qui croit aux sciences et aux faits. Elle n’a cependant pas confiance en elle car elle n’apprécie pas son physique et qu’elle est atteinte de dyspraxie (maladresse aiguë pour faire court), ce qui ne l’aide pas lors des nombreuses activités physiques. Les dangers sur l’île sont nombreux et cette maladresse la met en danger, ainsi que ses compagnons. Elle va devoir apprendre à se battre et surtout à tuer pour survivre. Il va lui falloir beaucoup de courage pour faire face aux mystères de l’île et dépasser ses capacités, et cette force,  elle la puise aussi dans sa relation avec ses compagnons. C’est un personnage très vrai, avec ses qualités et ses défauts, et surtout un caractère bien à elle !

Et l’île dans tout ça? On ne sait pas comment les jeunes y sont arrivés, mais elle ne semble pas avoir d’issue. Sa faune et sa flore sont très dangereuses et il a fallu de nombreuses expérimentations au plus ancien pour savoir ce qui était comestible ou non. Heureusement pour eux, l’île a un étrange pouvoir de guérison qui soigne les maux très rapidement. Mais est-ce que ce bienfait vient sans contrepartie? Leur campement est fait à partir d’éléments naturels et des rares objets que les jeunes gens portaient sur eux à leur arrivée. L’auteure y présente une nature sauvage et hostile, décalée par rapport à ce que nous connaissons, et peuplée de créatures étranges. D’ailleurs, Olri est persuadé grâce à un ancien livre qu’il faut tuer le dragon qui apparaît lorsque quelqu’un arrive sur l’île pour pouvoir en sortir.

J’aurais très envie de vous parler de la fin, que j’ai trouvée très réussie, mais je ne vais évidemment pas le faire pour ne pas vous spoiler. 😀

Citations

« Poly n’avait aucune idée de quoi dire ou faire pour alléger la tension. Elle n’avait jamais été une grande experte des relations sociales, plus la reine des petites phrases qui installaient des silences gênés durant les dîners familiaux. Alors, face à un jeune homme des années quarante, sur une île mystérieuse peuplée d’aventuriers de toutes les époques, d’un chevalier en armure, de mouettes roses, d’une faune et d’une flore belliqueuse et, a priori, d’un dragon, il ne fallait pas trop lui en demander. »

« Cela semblait à la fois si logique et tellement absurde.
Elle avait l’impression de croire en la magie.
Mais tout ce qui lui était arrivé, jusqu’à présent, était en parfaite adéquation avec cette explication. »

« – Tu te rappelles, quand on a exploré le fond du jardin, que tu as vu des fées, et que ton père t’a dit que tu étais trop vieille pour croire à ces bêtises?
Elle fit la moue avant de réponde :
– Oui.
– Je veux que tu retournes dans le jardin, tous les jours, et que tu cherches encore des fées. Je veux que tu penses à moi en le faisant, et que tu te rappelles que tu ne seras jamais trop vieille pour rêver. Ne deviens pas une de ces tristes petites filles sérieuses pendant mon absence, promis? »

Conclusion

Une île étrange et pleine de mystères sur laquelle cinq compagnons essaient de survivre et surtout de s’enfuir. Une quête qui semble impossible. Des liens puissants se créent et rendent chacun plus fort, plus confiant. Une très belle histoire portée par un très beau projet éditorial !

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#FungiLumini

8 réflexions sur “Face au dragon

  1. C’est intéressant comme principe même si je ne sais pas encore si je valide totalement. Ya de bonnes idées, de bonnes intentions et une démarche intéressante mais c’est dommage que le livre ne soit plus dispos après en impression à la demande par exemple. Ou qu’ils se contentent d’un circuit très court. Mais c’est peut être l’avenir de l’édition et une bonne alternative ? Merci pour cette découverte en tout cas 😊

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    • Je t’avoue que je trouve l’idée de départ bonne, mais que des points me chiffonnent un peu : notamment celui dont tu parles avec le livre presque plus dispo après la campagne, mais aussi l’implication des librairies dans le projet, acteur qu’on ne veut pas non plus voir disparaître du paysage du livre, mais qui, sans connaitre l’existence du projet, ne peut pas anticiper les achats. Enfin, c’est grâce à des réflexions et des essais du genre qu’on fait avancer les choses vers un modèle différent (meilleur?), même si la réflexion demande d’être poussée encore plus loin. 🙂

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