Les employés

Titre : Les employés

Autrice : Olga Ravn

Éditeur : Pocket

Genre(s) : Science-fiction

Nombre de pages : 168

À des millions de kilomètres de la Terre, humains et ressemblants travaillent pour une puissante compagnie totalitaire à bord du six millième vaisseau : ce sont les employés. Suite à l’observation prolongée d’artefacts extraterrestres récoltés sur une planète habitable – La Nouvelle Découverte -, d’étranges incidents surviennent, et une commission d’enquête est dépêchée. Durant dix-huit mois, celle-ci va compiler les témoignages de l’équipage, humains comme ressemblants, pour comprendre la nature du mal qui semble ronger l’expédition…

Mon avis

Ce court roman m’intriguait beaucoup : déjà, je ne pense pas avoir déjà lu d’autrice danoise de SF auparavant, ce fut donc une excellente occasion pour découvrir cette littérature étrangère. Le résumé m’interpelait aussi, avec cette cohabitation d’humains et de ressemblants et ces étranges artefacts. C’est un texte très court, fragmentaire, qui se lit d’une traite.

Un vaisseau gigantesque s’est posé sur la planète Nouvelle Découverte et l’équipage a ramené des objets dont les employés prennent soin chaque jour. L’équipage est composé d’humains et de ressemblants, qui sont des androïdes humanoïdes. Chacun va s’exprimer au travers de dépositions destinées à l’Organisation, témoignage de leur rapport aux objets étranges présents à bord, et de leur vie communautaire qui s’avère plus tendue depuis l’arrivée des objets. C’est à la fois très plaisant de découvrir d’aussi nombreux points de vue que difficile de s’ancrer dans la communauté, car on papillonne d’un personnage à un autre, sans vraiment s’identifier.

Les dépositions sont assez courtes, brèves qui donnent un rythme de lecture très rapide au roman. Le texte se doit d’aller à l’essentiel et c’est exactement ce qu’il fait. C’est ainsi que l’autrice parvient en une ou deux phrases percutantes à nous faire ressentir ce que le personnage expérimente. Le format court et efficace, avec une forte couche d’introspection et d’intime, est privilégié. Le malaise s’installe de plus en plus, à cause de ces étranges objets que les employés doivent garder sans comprendre leur utilité/finalité, ainsi qu’avec les tensions naissantes au sein du vaisseau.

On enchaine les « chapitres » et on explore au travers de ces témoignages à la fois le ressenti humain, mais aussi l’évolution du comportement des ressemblants. Il est intéressant de voir qu’on a parfois du mal à faire la différence entre les paroles des uns ou des autres : a-t-on affaire à un humain ou à une machine pensante? Le livre questionne notamment cette question d’intelligence artificielle : jusqu’où la machine peut-elle s’humaniser ? Quelles sont les limites de son évolution mentale ? Le fait que l’Organisation récolte les témoignages des ressemblants comme ceux des humains est très intéressant à noter !

Les objets sont restés de grands mystères pour moi. J’avais l’impression qu’ils évoluaient de forme, de texture, de couleur… en fonction de qui les approchait. Chacun avait sa propre perception de la chose, l’objet faisait ressurgir des souvenirs enfouis et fait appel aux cinq sens de l’observateur. Des interprétations diverses sont nées, sur les usages, la composition. Il est intéressant de voir comment un sujet identique peut être traiter de mille façons et peut évoquer diverses réminiscences.

Citations

« Je connais bien l’odeur de la mousse des chênes, mais j’ignore son contact sur la main, pourtant je garde dans la main la vague impression d’être à la lisière d’une forêt et de regarder la mer, tandis que ma main caresse cette mousse sur le tronc du chêne. Dites-moi, est-ce vous qui avez implanté cette impression en moi, cela fait-il partie du programme ? Ou bien est-ce que ce tableau s’est formé spontanément, est-ce qu’il vient de moi ? »

« Je regrette sincèrement que l’un de vous soit mort au cours du processus. Il n’était pas dans nos intentions de tuer. Nous ne comprenons pas vraiment la mort, puisque nous sommes indestructibles et que nous continuerons à ressusciter. »

Conclusion

Un roman court atypique, choral et fragmentaire avec d’étranges objets, des machines humanoïdes pensantes et des humains pareils à eux-mêmes. De la SF comme je l’aime : bizarre, inattendue et qui donne à réfléchir !

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2 réflexions sur “Les employés

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