Les attracteurs de Rose Street

Titre : Les attracteurs de Rose Street

Auteur : Lucius Shepard

Illustrateur : Aurélien Police

Éditeur : Le Bélial

Genre(s) : fantastique

Nombre de pages : 136

Londres, fin du XIXe siècle. Une métropole enfumée, étouffant sous le smog et les remugles de l’industrialisation en pleine explosion… Samuel Prothero est aliéniste. L’un des meilleurs de sa profession. Membre du sélect Club des Inventeurs, jeune homme respecté, son avenir est tout tracé dans cette société victorienne corsetée. Jusqu’à ce que Jeffrey Richmond, inventeur de génie mais personnage sulfureux, sollicite son expertise sur le plus étrange des cas. Troublante mission, en vérité, pour laquelle le jeune Prothero devra se résoudre à embrasser tout entier l’autre côté du miroir, les bas-fonds de la ville-monde impériale et ceux, bien plus effrayants encore, de l’âme humaine…

Mon avis

Je remercie Acherontia qui m’avait envoyé ce livre surprise lors d’un concours sur son blog ! J’adore la collection Une heure Lumière du Bélial, qui regroupe des récits courts, mais qui font voyager loin dans l’imaginaire. Ici, on retourne plutôt en arrière, dans une Londres du XIXème siècle sale et angoissante. La couverture est superbe et représente avec beaucoup de détails le récit.

Samuel, jeune aliéniste qui tente de se faire un nom dans la haute société, est abordé par le sombre personnage de Richmond, inventeur reconnu, mais surtout connu pour être infréquentable. Celui-ci voudrait qu’il se charge du cas très particulier de sa sœur Christine : celle-ci est morte des mois auparavant, mais une des machines créées par Richmond pour tenter de purifier l’air de Londres a pour conséquence de faire apparaitre des fantômes à intervalle plus ou moins régulier, dont celui de sa sœur. Et pour couronner le tout, le lieu où cela se produit est situé dans le quartier peu fréquentable de Saint Nichol, dans l’ancienne maison close de Christine. Altruiste et curieux, Samuel accepte la mission, malgré sa réticence vis-à-vis de l’endroit et de l’odieux maitre des lieux.

Ce roman est présenté comme une enquête pour découvrir qui a tué Christine et permettre ainsi à son âme de reposer en paix, mais on se rend vite compte que ce n’est qu’une couverture pour explorer quelque chose de plus profond. Les révélations sur la mort de la sœur n’ont d’ailleurs pas été une grande surprise, j’avais à peu près tout deviné dès le départ. Ce qui est vraiment intéressant dans ce court récit est l’ambiance sombre, oppressante, dans laquelle les secrets, les mensonges et les non-dits pèsent lourd. Une atmosphère typique des romans anglais fantastiques.

Samuel s’éprend d’une jeune domestique, anciennement employée au bordel. Leur liaison met en lumière la différence des classes sociales de l’époque, le mépris des plus hautes classes pour les plus basses, et la difficulté de s’aimer dans ce contexte. La jeune femme a une troublante ressemblance avec l’ancienne maitresse des lieux, ce qui apporte une touche étrange, voire malsaine au tout.

Le maitre des lieux est quant à lui un être plein de sombres secrets. Il m’a fait penser à Mr Hyde ou encore à M. Rochester (dans Jane Eyre) : un homme avec une face sombre qu’il tente de cacher, mais qui ressort à la face du monde au travers de ces comportements. Un homme qui n’a que faire des conventions et des bonnes mœurs.

Le côté inventeur rappelle la Londres victorienne steampunk, mais dans son aspect le plus sombre, avec des inventions hasardeuses qui permettent de communiquer avec les morts. J’ai aussi beaucoup aimé le côté psychiatrique, qui ramène encore une fois à des récits fondateurs comme L’étrange cas du Dr Jekyll et Mr Hyde. Et pour finir, le côté surnaturel, avec ce fantôme qui revient et qui interagit plus ou moins avec le réel est fascinant.

Citations

« Étrange, n’est-ce pas ? dit-il. Penser que lorsque nous errons dans le brouillard londonien, l’étoffe évanescente d’autres vies se drape autour de nos capes et de nos manteaux, va même jusqu’à s’introduire en nous par la bouche ou les yeux ? Qu’autour de nous dérivent des ombres et des spectres, des êtres qui s’accrochent aux liens de chair, de vieux amis et de vieux ennemis qui nous veulent encore du bien ou du mal? »

« Je crois que vous connaissez mon cœur. Je crois que vous l’avez toujours connu. « 

Conclusion

Un roman court, mais intense : une atmosphère sombre, malsaine et pourtant envoutante, une histoire de fantômes dans une Londres victorienne crasseuse, un jeune aliéniste fait ses premières armes sur ce mystérieux cas, tout en supportant l’odieux maitre des lieux qui lui cachent de sombres secrets…

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#FungiLumini

4 réflexions sur “Les attracteurs de Rose Street

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