Mers Mortes #plib2020

61saW-yosJLTitre : Mers Mortes

Autrice : Aurélie Wellenstein

Illustrateur : Aurélien Police

Éditeur : Scrineo

Genre(s) : dystopie

Nombre de pages : 368

#ISBN9782367406602

Mers et océans ont disparu. L’eau s’est évaporée, tous les animaux marins sont morts.
Des marées fantômes déferlent sur le monde et charrient des spectres avides de vengeance. Requins, dauphins, baleines…, arrachent l’âme des hommes et la dévorent. Seuls les exorcistes, protecteurs de l’humanité, peuvent les détruire.
Oural est l’un d’eux. Il est vénéré par les habitants de son bastion qu’il protège depuis la catastrophe, jusqu’au jour où Bengale, un capitaine pirate tourmenté, le capture à bord de son vaisseau fantôme.

Commence alors un voyage forcé à travers les mers mortes… De marée en marée, Oural apprend malgré lui à connaître son geôlier et l’objectif de ce dangereux périple. Et si Bengale était finalement la clé de leur salut à tous ?

Mon avis

Je n’avais encore rien lu d’Aurélie Wellenstein, mais j’avais beaucoup entendu parler de ses ouvrages. J’ai d’abord pris un faux départ avec ce roman, le commençant début de l’année et me rendant compte que j’avais besoin à cette période de ma vie de lectures légères et amusantes. Ça n’a été que partie remise et j’ai dévoré ce livre pendant le confinement ! Je trouve qu’Aurélien Police a un talent incroyable et la magnifique couverture qu’il a réalisée pour ce roman le prouve encore une fois.

Le monde tel qu’on le connait n’existe plus. L’eau a majoritairement disparu de la surface et des marées fantômes viennent cycliquement envahir la terre, ramenant leur flot de monstres marins décharnés. Oural est exorciste : il a des pouvoirs qui lui permettent de créer un bouclier de protection autour d’une ville et de délivrer les âmes des fantômes marins, les empêchant ainsi de manger les âmes des humains survivants. Il vit en seigneur au sein d’une petite communauté et s’est même permis une petite extravagance : il s’est lié d’amitié avec le fantôme d’une dauphine qu’il a nommée Trellia et qu’il retrouve à chaque marée. Sa petite vie « tranquille » va cependant être bousculée par l’arrivée de Bengale, capitaine prophète d’un vaisseau maudit, et de son équipage, qui souhaitent délivrer le monde de sa malédiction… en s’appropriant les âmes des plus puissants exorcistes.

Oural est au départ comme un enfant capricieux. Il a l’habitude qu’on lui obéisse et vit plutôt mal sa capture. Il va cependant petit à petit se rendre compte que la direction que sa vie avait prise n’était pas celle qu’il avait choisie, mais bien celle imposée par d’autres. Bien qu’il se rende compte qu’il aime cette nouvelle existence de voyages et de dangers, il reste toujours en lui cette petite voix qui lui dit qu’il a abandonné les siens, cette culpabilité qui le ronge de choisir son propre plaisir à la survie de sa communauté, même si encore une fois, il n’a pas eu le choix de cette nouvelle vie. J’ai beaucoup aimé ce personnage qui évolue énormément au fil de l’histoire.

L’autre personnage fascinant de ce roman est bien sûr le capitaine Bengale. Plutôt inaccessible au départ, il se dévoile par bribes et on découvre un homme fragile et sensible, mais habité par une obscure présence qui lui permet de tenir et de faire face à tous les dangers sans peur et sans remords. Je ne sais pas si le manga Berserk fait partie des références de l’autrice, mais beaucoup d’éléments m’ont rappelé la trame narrative de cette saga. Le plus flagrant était la relation entre l’exorciste et le capitaine qui m’a clairement rappelé celle entre Guts et Griffith, dans ce rapport déchirant au sacrifice et à l’amitié/amour de l’autre qui ne peut se concrétiser sans souffrances.

J’ai beaucoup aimé aussi le personnage de Trellia, dauphine curieuse et joueuse qui ferait tout pour défendre son ami. Leur relation est délicate et attendrissante, faite de petits riens qui signifient pourtant tout pour eux. Ils ne peuvent se toucher sous peine que Trellia emporte l’âme d’Oural, mais ils s’effleurent, donnant à chacun une dose de vie, et repoussant les limites de la malédiction à leur manière.

J’avoue avoir vraiment du mal avec les scènes de souffrances animales (alors qu’avec les humains, pas du tout xD) et certains passages qui retraçaient la mort des animaux fantômes ont donc été durs à lire, déjà parce qu’ils étaient plein de douleurs, de peur, d’incompréhension et de désespoir, mais surtout parce qu’on se rend compte que ce que l’autrice évoque comme des souvenirs d’un temps passé est en fait ce qui se déroule tous les jours dans notre réalité. Ce livre porte un message important et fort et je pense qu’il devrait servir pour enseigner ces valeurs et ses réflexions à l’école.

L’univers proposé par l’autrice est incroyable : un monde dévasté, où la vie n’est presque plus, tout comme l’eau. Des lieux déserts et silencieux qui se remplissent avec les marées. Un monde cruel où certains hommes font toujours la loi, profitent de leur pouvoir et esclavagisent leurs semblables, comme si rien n’avait changé… L’élément qui m’a le plus fascinée est le bateau de Bengale qui navigue sur les marées mortes et qui est alimenté par les âmes des exorcistes. L’équipage atypique de ce navire est tout aussi fascinant : on découvre des facettes plus cruelles les unes que les autres de ce nouveau monde post-apocalyptique au travers de leur récit de vie, ce qui les rend attachants malgré une attitude au premier abord dédaigneuse et mauvaise. Ils sont une famille créée de toutes pièces par Bengale et feraient tout pour lui qui les a sauvés.

Citations

« Je sais que c’est dur à entendre, mais ma cause est plus grande que vos vies, reprit Bengale sans se départir de sa désinvolture. Ce que je fais, je ne le fais pas par plaisir. Il faut bien que quelqu’un agisse. Si tout le monde reste terré chez lui, à trembler sous la protection des exorcistes, c’en sera fini de nous. Les marées emporteront tout le monde. »

« Ce qu’il avait vécu, via sa brève incarnation en requin, ce n’était pas qu’une construction fantasmagorique de son esprit. C’était la réalité, un souvenir colporté à travers le temps, le traumatisme d’une mer à bout de forces et dont le désespoir continuait de résonner à la surface du monde, même après toutes ces années… »

Conclusion

Un roman post-apocalyptique captivant dans un monde ravagé, à bout de souffle. Un capitaine et son équipage prêt à tout pour parvenir à leur fin, même au pire. Un exorciste et sa dauphine fantôme repoussant les limites de la malédiction à chaque nouvelle marée morte. Un espoir se dessine, mais de nombreux sacrifices seront demandés en échange… Et surtout, un livre porteur d’un message essentiel pour notre monde !

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#FungiLumini

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