Le Passageur, tome 1 : Le Coq et l’Enfant

71eGc5+47oLTitre : Le Passageur, tome 1 : Le Coq et l’Enfant

Autrice : Andoryss

Illustrateur : Patrick Imbert

Éditeur : éditions Lynks

Genre(s) : fantastique historique

Nombre de pages : 284

Matéo Soler sait que les fantômes existent. Il le sait parce que sa mère en a aidé des dizaines à trouver le repos, jusqu’à ce qu’elle-même meure, des années auparavant. Ce que le jeune garçon ne pouvait pas deviner, par contre, c’est qu’il hériterait de son pouvoir. Devenu Passageur à son tour, le voilà contraint de lutter contre un trushal odji, une âme affamée. Pour s’en libérer, Matéo n’a d’autre choix que de rejoindre l’âme dans son époque d’origine afin d’y apaiser sa mort. Mais alors qu’il est propulsé au temps de la Commune et au milieu des horreurs de la semaine sanglante, il comprend que sa tâche ne sera pas si facile…

Mon avis

La couverture de ce roman, qui semble tout droit sortir d’un film d’horreur, m’attirait énormément. L’avis de Manon m’a ensuite beaucoup intriguée et j’ai donc sauté sur la proposition des deux tomes en SP des éditions Lynks. Merci à eux pour les livres, mais aussi pour le soin apporté aux colis qu’ils nous envoient !

Le livre-objet est, comme d’habitude chez Lynks, superbe. La couverture est en papier épais recyclé, ce qui lui donne un aspect ancien qui colle parfaitement à l’illustration, comme une vieille photo étrange retrouvée dans les cartons d’un grenier. Le titre de la série est en belle écriture dorée. J’aime aussi particulièrement que le texte à l’intérieur soit bien aéré. Des éléments qui peuvent passer pour du détail, mais qui donnent un véritable plaisir de lecture supplémentaire.

On suit Matéo, un jeune homme mal dans sa peau. Plus jeune, il a souffert d’une grave maladie respiratoire, de laquelle il a survécu, mais qui a emporté dans son sillage sa mère et sa sœur. Son père lui en veut énormément pour cela et rejette toute la culpabilité sur lui. Heureusement, il a encore son frère et sa sœur, Diego et Luisa, sur lesquels il peut compter. La notion de famille est très importante dans ce roman : les liens entre frères et sœurs, mais aussi des liens qui remontent plus loin, les enfants étant de la culture des gens du voyage du côté de leur mère. Leur père tente de les éloigner de cette famille vagabonde, mais il y a des racines qu’on ne peut renier, qu’on le veule ou non.

Matéo va commencer à entendre des pleurs au loin et à voir un être fantomatique qui essaie de communiquer avec lui. Si au départ, il ne sait que faire, son frère va l’emmener chez les Roms afin de voir s’il est possible qu’il ait hérité du don de passageuse de sa mère, legs normalement réservé aux femmes. Cette différence va lui causer bien des soucis. Il n’a cependant pas beaucoup le temps d’y penser, car les pleurs se font de plus en plus fort et il va devoir découvrir par lui-même les secrets de ce pouvoir si particulier, au risque d’y perdre la vie s’il n’y parvient pas. Ses intuitions et ses émotions vont avoir une importance particulière dans cet apprentissage, et j’ai trouvé très intéressante cette découverte du don. Le protagoniste évolue avec lui, apprend petit à petit à le maîtriser, tout en devant gérer des situations hors normes.

Grâce à son héritage, Matéo retourne dans le passé pour aider une âme coincée à passer de l’autre côté. J’ai adoré ces moments dans le passé : j’ai étudié en Belgique et on n’y avait pas abordé l’histoire de la Commune à Paris. J’étais donc ravie de découvrir ce moment historique. On y passe à plusieurs moments-clés, on découvre les tenants et aboutissants de ce conflit, et on y voit les atrocités qui s’y sont déroulées. J’ai parfois trouvé Matéo un peu « insensible » à cette atmosphère d’horreur, alors qu’il est encore jeune et qu’il n’a rien connu de tel auparavant. J’aurais pour ma part été au départ totalement paralysée en découvrant tout cela.

Le rythme du récit est soutenu : les pleurs se rapprochent de Matéo, et avec eux une promesse de mort pour le jeune homme. On a envie de le voir réussir, mais son manque d’expérience est flagrant et nous fait douter. J’ai beaucoup aimé la plume de l’autrice, parfois poétique, mais toujours très addictive. J’ai beaucoup apprécié les révélations finales, et j’ai hâte de découvrir ce que le tome 2 nous réserve !

Citations

« Je suis dans le passé. Et j’y suis sans y être; c’est pour ça que le monde flotte autour de moi. Je voudrais ne pas comprendre ce qui m’arrive, ne pas me souvenir de ce que raconte Diego à propos de maman. Je voudrais ignorer que c’est elle qui nous a donné son nom, parce que les Soler sont les garants du passage, et que notre identité est autant dans notre sang que dans notre nom. »

« Fou si tu n’obéis pas, fou si tu rates ton coup. On est toujours condamné, à plus ou moins long terme. En fait, je m’apprête à jouer à la roulette russe toute ma vie, et personne n’a daigné m’expliquer le fonctionnement de l’arme que je tiens dans ma main. »

« La peur sourde des pavés, des pierres et des arbres, elle glisse entre les particules d’air, entre les brins d’herbe et les feuilles desséchées. Elle rampe en tentacules invisibles en direction des deux gardiens. Je la sens curieuse, amusée. La peur les connait. D’ordinaire, elle les évite, elle ne leur fait pas de mal, mais la volonté des spectres l’incite au jeu. »

Conclusion

Un premier tome prenant : une plongée dans Paris au temps dramatique de la Commune portée par une écriture rythmée et addictive, un don imprévu qui n’est pas forcément un cadeau, des liens familiaux à toute épreuve. Une lecture qui donne très envie de se jeter sur la suite !

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#FungiLumini

4 réflexions sur “Le Passageur, tome 1 : Le Coq et l’Enfant

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