Artahe le Dieu Ours

51FUozqJIhLTitre : Artahe le Dieu Ours

Auteur : Philippe Ward

Éditeur : Cairn éditions

Genre(s) : polar fantastique

Nombre de pages : 284

Après dix ans passés à Paris, Arnaud revient vivre à Raynat, village pyrénéen moribond. Il retrouve avec émotion Berthe Galy, une vieille femme malade qui a aidé sa grand-mère à l’élever après la mort de ses parents et Cathy, une amie d’enfance qu’un accident a rendu aveugle. Son retour coïncide avec l’apparition d’un mystérieux ours qui ne se contente bientôt plus de massacrer des moutons et s’attaque aux hommes. Ce roman est l’histoire d’un ours, mais un peu particulier, car il s’agit d’Artahe, le Dieu-ours

Mon avis

Je remercie Philippe Ward de m’avoir proposé son livre. C’est la première fois qu’un auteur m’envoie son roman en me disant que je pouvais écrire une chronique, si je le souhaitais. Pas de pression, pas de délai, juste le plaisir de lire et pour ça, je le remercie encore une fois ! J’ai hésité à accepter ce livre, car je ne suis pas très polar, mais le côté fantastique et découverte des croyances liées au Dieu Ours m’ont convaincue de lui laisser sa chance. Et j’ai bien fait, car j’ai passé un très bon moment de lecture !

Cet ouvrage est une réédition corrigée par l’auteur. J’ai en tout cas beaucoup aimé le travail de la couverture, en noir et blanc, avec cet ours qui en impose, et le titre en rouge qui ressort particulièrement bien.

Après avoir perdu son emploi, Arnaud décide de revenir dans son village natal, Raynat : il y retrouve Berthe, une vieille dame qui s’est occupée de lui comme de son fils lorsqu’il était jeune, Cathy, son amie d’enfance maintenant aveugle, et tous les habitants de la petite bourgade. Depuis son retour, des éléments étranges se déroulent : un ours géant se promène dans les environs, un tremblement de terre secoue Raynat, une grotte préhistorique est mise à jour, l’effondrement du clocher de l’église cause des soucis… et surtout, les morts se succèdent. Quel sombre secret cachent les Raynatols et pourquoi le protège-t-il avec autant de ferveur ? Tous les mystères semblent liés à la présence de l’ours…

Le récit se met parfois en pause pour nous relater un événement historique lié au culte de l’ours. J’ai trouvé ces parties très intéressantes. Nous apprenons petit à petit que Raynat a été le centre du culte du Dieu Ours et que tous les récits historiques contés ici trouvent des échos dans le présent : traces archéologiques, squelettes, rituels, etc. Tout est connecté.

J’ai beaucoup aimé le couple que forment Arnaud et Cathy. Ils se disent tout, n’ont aucun secret l’un pour l’autre alors qu’ils viennent à peine de se retrouver. Le handicap de Cathy ne se ressent jamais dans les actions d’Arnaud. Il la traite comme une égale. L’amour qui les lie semble évident dès le départ. Ils vont ensemble découvrir la puissance et le pouvoir d’Artahe.

Dans le reste du village par contre, rien ne va plus : les gens se terrent chez eux, les différents protagonistes (le maire, Berthe, Christopher le spécialiste de l’ours) tentent de se manipuler les uns les autres pour faire avancer leurs propres intérêts. D’ailleurs, en tant que lectrice, j’hésitais toujours : est-ce que quelque chose arrivait vraiment par hasard ou était-il provoqué par un des personnages?

Le maire souhaite faire revivre son village en créant un parc à ours. Berthe veut faire renaître le culte d’Artahe, Dieu Ours dont la présence hante Raynat, sans l’enfermer dans une zone naturelle préservée. Elle fera tout pour parvenir à ses fins. C’est effrayant de penser à tout ce qu’elle a fait pour son Dieu. Cela nous fait réfléchir sur la dévotion à une cause et sur les conséquences que celle-ci entraine. Le thériologue se retrouve entre les deux : désirant avant tout préserver les ours. Le couple naviguera quant à lui entre les différentes opinions. Une chose est sûre : on ne peut faire confiance à personne !

J’ai beaucoup apprécié l’aspect fantastique du récit : des narrations entre rêve et réalité, des événements dont on doute s’ils se sont vraiment déroulés ou non, d’anciennes croyances qui refont surface et qui animent les esprits. C’est pour moi un des points forts de ce  livre !

Les mystères planent sur tout le  texte et la présence de l’ours pèse de plus en plus sur le village dans la montagne. De plus, l’hiver arrive et recouvre les routes pour quitter Raynat de neige. On sent petit à petit la bourgade se fermer au monde extérieur. Si quelque chose arrive, aucune aide ne pourra venir. Certains éléments de la fin m’ont surprises, d’autres moins, mais je l’ai trouvée très bien amenée.

J’ai parfois eu un peu de mal avec les scènes de souffrances et de maltraitances animales. On peut tuer autant d’humains qu’on veut, mais je suis toujours plus sensible quand il s’agit d’animaux, qui n’ont pas conscience de pourquoi on leur fait subir ce traitement. Certaines scènes étaient aussi juste des descriptions « naturelles » de ce qui se déroule dans la vie sauvage, où le prédateur mange la proie, mais m’ont quand même touchée. Pour cette raison, et aussi parce qu’il y a également des scènes sanglantes et de sexe, je ne mettrais pas ce livre entre des mains innocentes. 😉

Citations

« En moins de dix minutes, la colline était devenue un véritable charnier. Accompagnée par la jeune fille, la vieille femme se promena parmi les cadavres et les agonisants. Elle rappela les ours qui firent un cercle autour d’elles. Puis elle se pencha sur un des trois animaux qui avaient été tués et le dépouilla méthodiquement. 
Après le coucher du soleil, le squelette reconstitué de l’ours se trouva placé sur un autel au milieu de la vingtaine de huttes qui constituaient le village. Les survivants vinrent se prosterner à tour de rôle devant l’effigie puis allèrent disposer les corps des soldats romains au pied de la pierre.« 

« Arnaud savait qu’il rêvait, mais il n’arrivait pas à se convaincre que tous ces murmures sortaient de son imagination et que, devant ses paupières fermées, se trouvaient des arbres. Pourtant, il lui suffisait d’ouvrir les yeux, mais il n’y arrivait pas. Il ne maîtrisait plus son corps.
Le bruit devint plus assourdissant, les grondements se firent plus pressants et la voix plus distincte. Un mot jaillit et frappa brutalement son esprit : Artahe. Ses paupières s’ouvrirent aussitôt alors que les derniers lambeaux de rêve s’évanouissaient. »

Conclusion

Une découverte du culte du Dieu Ours à travers des faits historiques et un récit actuel. Je pense que ce livre plaira plus aux amateurs de fantastique que de polar, car les éléments magiques parsèment le récit et nous font douter de leur réalité. Il y a bien une enquête, mais ce n’est pas le point central du récit. Le village se referme petit à petit et la présence de l’ours se fait de plus en plus forte. Est-ce que le culte d’Artahe parviendra à renaitre de ses cendres?

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#FungiLumini

4 réflexions sur “Artahe le Dieu Ours

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