Honoré Laragne

51sbebaipdlTitre : Honoré Laragne

Auteur : Rémi Karnauch

Éditeur : H&O éditions

Genre(s) : biographie

Nombre de pages :154

Mots-clés : vieillesse, maladie, oubli, gériatrie.

Honoré Laragne est un vieux monsieur affecté de plusieurs maladies, peut-être un début d’Alzheimer. Il n’aime personne et se fait berner par tout le monde. Collectionneur, il entretient avec ses poupées des relations sans doute platoniques. Il a engagé deux acolytes pour le seconder, Briffault et Valadin… Valadin et Briffault… il se répète leurs noms devant un médecin, qui s’appelle Lachenal, lui, c’est sûr. Soudain, Laragne monte dans un train, quitte Paris, descend n’importe où, se réveille au fond d’un fossé.
Le vieil homme est alors enfermé dans un hôpital. Lecteur d’encyclopédies médicales, très au fait des maladies qui rongent les neurones de la tête, il échappe de peu à une horde en blouse blanche, se réfugie dans un escalier de service. Il y croise M. Golatchick, un tueur en pyjama qui voudrait lui manger le cerveau. Or il n’a déjà plus beaucoup de cerveau. Il se bat contre tous, voudrait être méchant, mais n’y arrive pas. Il parvient de temps en temps à ricaner.
Puis tout s’efface.
Et si Laragne, c’était vous ?

Rémi Karnauch, dont on connaît la verve poétique, déroule ici un récit de facture presque classique. Imperceptiblement la machine se dérègle, la folie guette, le grotesque déferle. Où est le centre de notre pensée ? Comment garder la maîtrise de sa vie ? Faut-il s’échapper ? Faut-il crever ? Fautil survivre ? Rémi Karnauch n’apporte aucune réponse… et c’est aussi bien comme ça.

Mon avis

Tout d’abord, je remercie Babelio et les éditions H&O pour l’envoi de ce livre lors de la dernière masse critique. Si j’ai choisi cet ouvrage, c’est parce que la couverture m’intriguait et que la quatrième de couverture semblait correspondre à un texte à la fois drôle, poétique et original, qui pose des questions intéressantes sur l’existence.  Ce n’est malheureusement pas ce que j’ai ressenti pendant ma lecture.

Première déception : ce qui se déroule dans le livre est exactement ce qui est raconté sur la quatrième de couverture. J’ai trouvé cela vraiment dommage, car j’aime être surprise et ne pas connaître l’histoire avant de commencer un livre. C’est pourquoi je ne lis habituellement pas la quatrième de couverture des livres que je choisis. (oui ça peut paraître bizarre :p ) La sélection masse critique Babelio est une exception, car je ne peux pas me permettre de lire des avis sur tous les livres présentés et dois donc me fier à la quatrième de couverture. Lire en long ce qui se trouve déjà sur cette quatrième de couverture ne m’intéresse pas particulièrement.

Deuxième point qui ne m’a pas plu : la narration. Le protagoniste est une vieille personne malade. Il oublie les mots et parfois les événements. L’auteur a pris le parti d’écrire exactement comme si c’était les pensées du personnage qui se déroulaient devant nos yeux. Cela aurait pu être drôle ou encore poétique, mais dans le cas présent, j’ai surtout trouvé le résultat confus. C’est une très bonne chose pour montrer l’état d’esprit du narrateur et je pense que ce genre de narration plaira à certaines personnes, mais c’est personnellement ce qui m’a perdue dans le récit. Je ne m’y retrouvais absolument pas entre ce qui se passait réellement ou non, entre ce que le personnage imaginait et faisait. Je ressors avec l’impression que cette lecture n’a été qu’une suite d’événements confus, qui au final ne m’ont pas permis d’avoir une réflexion plus profonde sur le sujet traité.

Je n’ai pas non plus aimé le protagoniste. C’est un vieil homme malade qui se retrouve à l’hôpital, mais je n’ai jamais ressenti de pitié ou de compassion pour lui. Il était assez vulgaire, se fichait des autres et de leurs sentiments pour se concentrer presque uniquement sur ce qui l’avantageait lui. On découvre des pans de sa vie et on se dit que même quand la maladie n’était pas là, il était déjà cette personne aigrie et asociale, qui se croit supérieure aux autres.

Après, j’ai trouvé que l’auteur avait une très jolie plume. Il y a un gros travail sur la langue derrière cet ouvrage, dans le découpage particulier du texte, comme dans le choix de l’utilisation de certains mots, de certaines expressions. J’aimerais découvrir un autre texte de l’auteur, peut-être avec un sujet qui me parlerait plus que celui-ci.

Citations

« J’ai échoué dans ma tentative, échoué sur un banc, non loin de la boutique dont je tripote les clés au fond d’un long manteau à poils ras. Mes jambes ne me portent plus. Mauvaise circulation sanguine, peut-être une ischémie ou une anoxie tissulaire. Les moteurs redémarrent, les coups de klaxon se dédoublent. »

« Au fond je ne sais pourquoi j’avais désiré pendant longtemps étreindre une forme humaine, me fondre dans la grimace répétée de ce retour en soi, me réitérer dans l’écho de ce … de ce plaisir. Je ne sais pourquoi le désir m’avait fui, me laissant face au ricanement des visages hostiles. C’était donc ça la vieillesse. Un phénomène si banal. L’envie de frapper des fantômes sans jamais les entendre crier. J’avais dévalé les marches une à une. J’avais dit que je vivais depuis trop longtemps. Les gens m’avaient écouté comme on écouterait un fou, puis ils étaient tous morts un par un, morts de vieillesse. »

Conclusion

J’ai aimé la plume de l’auteur et sa maîtrise de la langue française dans ce livre, mais c’est tout. Je n’ai pas été touchée par ce vieux protagoniste malade et j’ai été déçue de connaître déjà les éléments de l’histoire avant à cause de la quatrième de couverture. Une lecture mitigée pour ma part.

pas convaincueindécise

#FungiLumini

2 réflexions sur “Honoré Laragne

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