L’épouse de bois

Titre : L’épouse de bois

Autrice : Terri Windling

Illustrateur : Brian Froud

Éditeur : Les Moutons électriques

Genre(s) : réalisme magique

Nombre de pages : 320

Maggie Black est écrivain, auteur d’études sur des poètes. Elle apprend qu’un de ses plus anciens correspondants, David Cooper, vient de mourir en lui laissant tous ses biens en héritage. Maggie décide d’aller s’installer dans l’ancienne maison de Cooper, pour enfin s’atteler à la rédaction d’une biographie du grand écrivain. Mais elle n’avait pas prévu que Cooper habitait en plein désert, dans les montagnes de l’Arizona (près de Tucson). Là, la vie n’a pas le même rythme qu’ailleurs. Les choses sont plus pures, les formes plus essentielles, les mystères plus profonds… Pourquoi Cooper est-il mort noyé dans un lit de rivière asséché ? Pourquoi des coyotes rôdent-ils autour de sa maison ? Qui est l’étrange fille- lapin qui s’abrite sous les grands cactus ? La magie de ces collines désertiques est puissante, Maggie Black devra prendre garde à ne pas y perdre la raison – ou la vie.

Mon avis

Voilà un livre que j’avais souvent vu passer, à la magnifique couverture et au résumé intrigant, mais pour lequel je n’avais jamais craqué. Puis un jour, au détour d’un rayon de librairie de seconde main, j’ai déniché la version grand format, et je n’ai plus hésité une seconde ! Un ouvrage dense, mais fascinant.

En héritage, Maggie reçoit tous les biens du poète David Cooper avec qui elle correspondait, mais qu’elle n’avait jamais rencontré. Sa vie n’étant ancrée à aucun endroit, elle décide de partir pour la maison de l’écrivain dans le désert de l’Arizona et de tenter d’y écrire sa biographie. En déménageant, elle ne s’attendait pas à se retrouver dans un endroit isolé, en pleine nature, au contact de la faune et de la flore locale. Elle va se laisser porter par la magie et la beauté des lieux, bien que d’étranges événements se déroulent dans l’ombre de la nuit…

Ceci est avant tout un récit de prise d’indépendance: Maggie, femme qui parait au premier abord libre et créative, s’est retrouvée dépendante de son ex-mari à écrire des textes qui ne lui plaisent pas plus que cela pour boucler les fins de mois ou faire plaisir à son entourage. L’opportunité que Cooper lui donne avec cet héritage n’est pas uniquement une occasion d’être indépendante financièrement, mais plutôt une main tendue vers la liberté créative et personnelle qu’elle a perdue. Grâce à cet endroit magique, elle va se rendre compte de ce qui compte pour elle, des valeurs qui lui tiennent à cœur et des personnes qui lui sont chères. En cherchant la vérité à propos de Cooper et de cette vallée, elle va en fait renouer avec son art, qu’elle avait longtemps mis de côté, et avec elle-même.

Ce qui fait la magie de ce livre, c’est toute cette poésie qui l’entoure, que ce soit dans la nature sauvage des montagnes, dans les peintures d’Anna Naverra et de Brian Froud ou encore dans les écrits de Cooper. Ces univers enchanteurs prennent vie dans ce roman et émerveille le lecteur. Toute une mythologie se met en place et on ne sait pas si elle était déjà présente avant et a inspiré les artistes ou si ce sont ces mêmes artistes qui ont donné vie à ces créatures incroyables. Cependant, cet enchantement cache une face sombre, féroce et violente. La loi du plus fort domine et les prédateurs se montrent bien cruels avec leurs proies.

J’ai beaucoup aimé également toute la partie « recherches » pour la biographie de Cooper : la lecture des poèmes, des lettres du poète et de sa femme, les témoignages des gens qui l’ont entouré toute sa vie. J’ai étudié la littérature, et la recherche était un des aspects qui me passionnait le plus, et je me rends compte que cela me manque. J’ai retrouvé cela ici, avec une touche de magie plus que bienvenue. Cette lecture m’a donc ravie !

C’est un roman dans lequel au final il ne se passe pas grand-chose et qui est plutôt lent, mais j’ai vraiment été happée par cette histoire et je l’ai dévorée en quelques jours à peine : cette nature omniprésente qui reprend ses droits quand elle le peut, ces créatures magiques et malveillantes qui l’habitent, ces humains si fascinés par elle qu’ils ne peuvent plus la quitter. Un monde fascinant qui m’a totalement séduite.

Citations

« Et par la grâce de qui suis-je arrivé ici,
Posé là où le clair de lune tue
Et où les rêves laissent sang et feuilles
Sur les draps défaits de l’aube… »

« La créature alla dans le lit de Cooper. Elle était à moitié moins grande que la femme et plus maigre, de constitution plus fragile. Ses longs membres malingres avaient forme humaine et étaient couverts d’une douce fourrure grise. Là où la femme avait dormi, le lit était chaud. Elle prit la couverture et se recroquevilla au pied du lit, la tête blottie contre les genoux de Maggie Noire. Elle soupira profondément. Cette nuit, elle dormirait en toute sécurité. Peut-être qu’elle avait bien fait de se faire prendre, en fin de compte. Elle avait trouvé un abri sûr, elle avait un nom, elle avait un peu de chaleur dans la pénombre. Elle sourit et ferma les yeux. En un instant, elle était profondément endormie. »

Conclusion

Un roman tout à fait atypique : poésie et beauté des grands espaces se mêlent, créant un nouvel écosystème de créatures magiques et fascinantes, mais aussi cruelles et redoutables. Un monde enchanteur dans lequel Maggie va évoluer pour découvrir la personne qu’elle est au plus profond d’elle-même. Une lecture riche et fascinante !

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#FungiLumini

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