Entends la nuit

005752305Titre : Entends la nuit

Auteure : Catherine Dufour

Illustrateur : Aurélien Police

Éditeur : L’Atalante

Genre(s) : fantasy urbaine

Nombre de pages : 352

La chair et la pierre sont de vieilles compagnes. Depuis des millénaires, la chair modèle la pierre, la pierre abrite la chair. Elle prend la forme de ses désirs, protège ses nuits, célèbre ses dieux, accueille ses morts. Toute l’histoire de l’humanité est liée à la pierre.

Quand on a 25 ans, un master en communication, une mère à charge et un père aux abonnés absents, on ne fait pas la difficile quand un boulot se présente.
Myriame a été embauchée pour faire de la veille réseaux dans une entreprise du côté de Bercy, et elle découvre une organisation hiérarchique qui la fait grincer des dents : locaux délabrés, logiciel de surveillance installé sur les ordinateurs, supérieurs très supérieurs dans le style british vieille école.
Mais quand un de ces supérieurs s’intéresse à elle via Internet au point de lui obtenir un CDI et lui trouver un logement, elle accepte, semi-révoltée, semi-séduite…
Mauvaise idée ? Pas pire que le secret qu’elle porte.
Myriame est abonnée aux jeux dangereux dans tous les cas, et sa relation avec Duncan Algernon Vane-Tempest, comte d’Angus, décédé il y a un siècle et demi, est à sa mesure. Du moins le croit-elle.

Catherine Dufour, éprise de légendes urbaines, nous offre avec ce roman un « anti-Twilight » tout en humour et une ode à Paris bouleversante.

Mon avis

J’ai découvert ce livre grâce à la chronique du blog Just a Word et je dois dire qu’il m’intriguait énormément. J’ai donc été ravie d’être sélectionnée pour le lire lors de la dernière masse critique Babelio (merci à eux et à la maison d’édition d’ailleurs 😉 ). Je trouve la couverture assez grandiose dans son design, représentant à la fois une statue de loin, mais les plans de Paris de près. Une illustration qui correspond parfaitement au récit et qui nous plonge  sous terre grâce aux rabats de la couverture. J’ai lu ce livre pour la catégorie « Feuille d’automne » du #pumpkinautumnchallenge !

Après une vie de bohème à Amsterdam, Myriame vient de signer un CDD à la Zuidertoren, à Paris. Ce changement radical de mode de vie lui est difficile, mais elle a besoin de stabilité financière dans son quotidien. Un boulot de bureau, pas forcément amusant, mais qui paie. L’entreprise elle-même est un peu étrange, dirigée par des patrons hautains et distants, et gouvernée par l’application Pretty Face, un système de messagerie instantanée et de vidéo-conférence en direct et en continu : tout le monde voit tout le monde tout le temps. Zuidertoren is watching you ! Le bureau attribué à Myriame est un vieux cagibi humide qui sent mauvais. Quoi de plus engageant pour commencer un nouveau travail?

Heureusement, les choses vont s’améliorer pour notre protagoniste. Elle va rencontrer un de ses patrons sur Pretty Face, Duncan Vane, et rapidement sympathiser avec lui. Une étrange liaison va commencer entre eux, à distance, puisque Duncan dit être en Écosse. Les événements bizarres se succèdent autour de Myriame, mais aussi les heureuses coïncidences, comme le fait qu’on lui attribue rapidement un logement de société. Que cache cette entreprise et ses dirigeants, mais plus important encore, quels secrets Myriame dissimule-t-elle?

Je ne le dis pas du tout péjorativement, mais j’ai eu l’impression avec ce livre de lire Twilight version adulte et délurée. On a cette jeune fille qui débarque dans une nouvelle vie, très différente de celle qu’elle a connue auparavant. Elle se rapproche peu à peu du bel inconnu (riche qui plus est). Quand elle découvre la vraie nature de son compagnon et qu’il lui dit de s’éloigner de lui, elle reste quand même et se met d’ailleurs souvent en danger de mort, juste pour être avec lui. Cet amour inconditionnel au premier regard de la part de l’un comme de l’autre est tellement puissant qu’il semble pouvoir tout surmonter. La fin n’est cependant (heureusement) pas du tout du même style, je vous rassure.

J’ai beaucoup aimé la plume de l’auteure : assez directe, elle nous immerge totalement dans les actions et pensées de la protagoniste. On est dans son courant de conscience, toutes ses angoisses, ses peurs, mais aussi ses interrogations et parfois les réflexions un peu niaises ou drôles qu’elle se fait dans sa tête et qui n’auraient jamais dû en sortir sont ici couchées sur papier. Nous savons absolument tout ce qui lui vient à l’esprit et j’ai trouvé cela original et peu courant.

J’ai adoré la créature fantastique décrite dans ce récit, à la fois fascinante et effrayante. Le lémure est la Ville, il est l’immeuble, il est le mur. Nous vivons en lui, mais il peut aussi se matérialiser avec une apparence humaine. Il doit cependant régulièrement se « réarranger » avec de la matière organique (animaux, humains…), ce qui enlève un peu de son glamour à cet être éternel, vampire de béton et de chair fraiche. Bien que Myriame soit une femme au caractère bien trempé, elle va de plus en plus loin avec son compagnon lémure, allant jusqu’à se promener à l’intérieur des murs de la capitale française. Une visite hors du commun des lieux phares de Paris qui a cependant ses désavantages. Un rêve qui peut basculer d’un moment à l’autre dans le pire des cauchemars et Myriame l’apprendra à ses dépens. Douceur et volupté se mêlent avec violence et trahison et donnent un tout détonnant !

Si j’ai beaucoup aimé la fin en soi, je l’ai trouvée un peu plus « brouillon » par rapport au reste du livre. J’étais même un peu perdue sur certains éléments. Tout se déroule assez vite et le fil des pensées de la protagoniste n’est plus aussi clair, mais dans une certaine mesure, cela représente bien son état d’esprit du moment, entre confusion, angoisse et détermination.

Citations

« De temps en temps, je jette un coup d’œil autour de moi mais il n’y a rien. Pas une larme sur le mur, pas un souffle sous la porte. Je hausse les épaules à plusieurs reprises, comme si quelqu’un regardait par-dessus. Je finis par me retourner : c’est la neige qui chuchote en tombant. »

« – Myriame, la chair et la pierre sont de vieilles compagnes. Depuis des millénaires, la chair modèle la pierre, la pierre abrite la chair. Elle prend la forme de ses désirs, protège ses nuits, accueille ses morts. Toute l’histoire de l’humanité est liée à la pierre. Nous ne sommes pas à l’opposé l’un de l’autre, Myriame. Il y a différentes façons de nous rencontrer. »

« – Je suis un lieu, je protège, j’enferme. Je suis juste une âme perdue en quête d’un corps.
Je dois avoir l’air complètement abrutie.
– Je suis un spectre. Je hante. Je suis un dieu. Je crée et je détruis. Je suis un démon. Je possède et je dévore. »

Conclusion

Un nouveau travail, une rencontre virtuelle et des événements étranges vont amener Myriame à revoir sa vision de Paris. Elle explore l’univers à la fois fascinant et sordide des lémures, esprits de la ville. Entre douceur, décadence et violence, le récit nous emmène à la découverte de la capitale française comme on ne l’a jamais vue. Une plume immersive qui nous conte une romance plus qu’improbable entre une humaine et un immeuble !

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#FungiLumini

2 réflexions sur “Entends la nuit

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