2021 commence et avec elle un nouveau challenge littéraire ! Vous savez probablement que j’ai une préférence pour les formats one-shots et nouvelles, ce challenge qui met en avant la lecture formats courts me plait donc énormément ! Initié par Maki, c’est Manon Ombrebones qui reprend cette année le flambeau de l’organisation, je vous laisse découvrir ce qu’elle a préparé :
#ProjetOmbre, Manon présente le concept :
Le Maki s’inspirait du Projet Bradbury où l’auteur s’engageait à écrire une nouvelle par semaine. N’étant pas auteur, lui souhaitait lire une nouvelle par semaine et ce qui a commencé comme un défi personnel est devenu un challenge littéraire sous l’influence de certains blogpotes. L’idée de départ est donc de promouvoir ce format court si souvent délaissé. Ce challenge a eu une grosse influence sur moi et mes habitudes de lecture, comme je vous l’expliquais dans mon article dédié de la semaine dernière. Il me tient très à cœur dans son idéologie que je compte reprendre tout en l’adaptant à ma sauce. Je vais donc vous proposer plusieurs paliers ainsi que des missions mensuelles à réaliser, pour votre plaisir.
Pour plus d’information sur le challenge, les catégories, les missions et les récompenses, c’est sur le blog d’Ombrebones que ça se passe 😉
Je commence en douceur : j’ai choisi la catégorie « L’ombre à la douzaine » dans laquelle je lis un format court par mois. Je me dis que comme cela, je ne me mets pas de pression, et si j’en lis plus, tant mieux !
Janvier
- L’Assasin infini, dans Axiomatique, Greg Egan. (SF)
Mon compagnon m’a chaudement recommandé ce recueil de Greg Egan, et comme le thème de Janvier est la SF, je me suis lancée. Cette première nouvelle m’a tout à fait convaincue : la drogue S permet de voyager entre les dimensions pour vivre la vie qu’on aurait eu si on avait pris une autre décision à un moment choisi. L’abus de cette drogue dégénère et notre protagoniste travaille comme assassin légal : il tue les rêveurs qui créent des distorsions importantes de dimension pour rétablir la normalité.
On découvre cet univers distordu, instable, changeant et dangereux, dans lequel tout est possible. C’est cet aspect qui m’a le plus fascinée : comment toutes les dimensions parallèles entrent en résonance et s’interchangent et comment notre héros et ses alter ego évoluent dans ce monde impossible, ainsi que les multiples possibilités/conséquences qui en découlent. Une très chouette découverte, un récit original et atypique, de la bonne SF comme je l’aime !
« Quels que soient les choix physiquement possibles, mes alter ego les ont tous faits – et continueront à les faire tous. Ma stabilité réside dans la distribution, et la densité relative, de tous ces embranchements – dans la forme d’une structure statique, préordonnée. Le libre-arbitre est une rationalisation ; je ne peux m’empêcher de prendre toutes les bonnes décisions. Et toutes les mauvaises. »
2. Nixi Turner contre les Croquemitaines, tome 4 : le Marchand de Sable, Fabien Clavel
Un quatrième tome que j’ai beaucoup aimé : on suit en parallèle de Nixi et sa bande le personnage de Kylian, tyran à l’école, mais qui cache une part sensible et touchante. On retrouve encore une fois de très belles valeurs développés, des sujets essentiels pour un livre jeunesse. Le croquemitaine présenté a été revisité de façon originale et j’ai vraiment hâte de savoir ce que le tome final nous réserve !
Soudain, Kylian se rend compte qu’il a rempli la salle de bain de vapeur. Il ferme le robinet.
Pourtant, le brouillard continue de se développer dans la pièce. Il se densifie, au point que l’adolescent ne distingue même plus son reflet dans la glace.
Il tend la main et frisonne.
Le brouillard accompagne son geste.
Il agite le bras gauche. La brume s’enroule autour de ses doigts. Puis, lentement, le nuage s’infiltre dans sa bouche et son nez.
Février
J’ai commencé à lire le recueil Le Jardin des silences de Mélanie Fazi: il est dans ma PAL depuis une éternité, et il me tentait trop !
- Swan le bien nommé, dans Le Jardin des Silences, de Mélanie Fazi
Un récit entre magie et réalité, entre présent et passé. L’autrice reprend le conte des Cygnes Sauvages d’Andersen et l’adapte à notre époque, avec cependant cette plume qui le fait rester dans un monde enchanté. J’ai cependant été déçue par cette histoire courte : j’ai eu l’impression de lire l’introduction, et la fin est arrivée au moment où j’aurais voulu que le récit débute enfin.
Ole Ferme-l’Oeil m’a enseigné bien des choses. Il m’a appris que la vie est absurde et sans pitié. Qu’elle bascule parfois du jour au lendemain, et atrocement : nos repères sont bâtis sur du sable, et il suffit d’un loup pour souffler d’un coup nos maisons de paille.
2. L’arbre et les corneilles, dans Le Jardin des Silences, de Mélanie Fazi
Voilà une nouvelle que j’ai beaucoup aimé, mais que j’aurais encore plus adoré lire à la période de Noël. Elle reprend tout ce qui fait le bonheur de cette saison : les traditions familiales, les objets auxquels on s’attache car lié à un doux souvenirs, l’innocence de l’enfance, la nostalgie des noëls passés et la hâte de retrouver cette journée si spéciale, même pour ceux qui ne sont pas croyants. Le tout assaisonné d’un peu de magie, un régal !
Chaque jour, une corneille différente, une nouvelle branche. Chaque jour, une bulle de souvenir vient éclater à la surface.
3. Miroir de porcelaine, dans Le Jardin des Silences, de Mélanie Fazi
Une nouvelle sur l’amour et la jalousie, l’ambition et l’émotion. Une jeune femme guide des automates pour son spectacle, son compagnon réalisant les décors et les détails techniques. Elle a tellement de talent que le faux devient le vrai. Une histoire avec peu de surprises, mais très bien racontée.
Je passe un long moment, avant chaque échauffement, à me grimer dans la salle de bains. Même en dehors des spectacles, j’ai toujours eu du mal à guider les automates à visage découvert. J’ai besoin de devenir une autre Iris, un peu moins humaine, l’entité fantastique qui commande à mes jouets. Une femme clown au visage blanc et aux joues rouge pomme. Tableau vierge de rides parce qu’il n’a pas d’histoire.
4. L’autre Route dans Le Jardin des Silences, de Mélanie Fazi
J’ai ADORÉ cette nouvelle : un conducteur et sa fille perdent conscience une seconde et se retrouve sur une autre route, où une file de voitures vides les surprend. Une ambiance lourde de silence, et quand enfin ils rencontrent quelqu’un, le récit n’en devient que plus inquiétant. Ils vont tenter de découvrir ce qui se trame, mais vont aussi explorer leur relation, qui a bien changer depuis le divorce qui a fait voler leur famille en éclat. Un texte mystérieux, étonnant, étrange qui vous tient en haleine !
La route ne garde que ceux qui veulent rester.
5. Yellow Jessamine, de Caitlin Starling
Un roman court sombre à souhait, où la folie se mêle à l’odeur empoisonnée des plantes du jardin d’Evelyn. Un étrange mal incurable, une ambiance anxiogène, une protagoniste solitaire et méfiante dont le passé s’effeuille au fil des pages : un doux poison à consommer sans modération !
Ses lèvres se tordirent du plaisir malsain qu’elle retirait de l’amertume. Elle s’abandonnait. C’est toujours ce qu’elle ressentait. Elle s’abandonnait en toute préciosité. Cela accélérait sa mort, mais au moins, elle le faisait de son propre chef et selon les conditions qu’elle s’imposait. Son autodestruction était modulée. Elle était thérapeutique. Elle mourrait selon ses propres termes. Personne d’autre ne lui imposerait cela.
Elle avait gagné sa douleur. Elle méritait son annihilation.
Mars
Chroniques Macabres de Sully Holt
6. Le collectionneur : une histoire romantique inspirée du conte de Barbe Bleue. Un amour passionnel, intense, que la curiosité menace à chaque nouveau voyage du protagoniste. Il cache une collection des plus intéressantes !
« Grâce à toi, la bête malade qui vivait au seuil de ma raison se soumettait à tes caresses en ronronnant, et je rêvais de nouveau d’un avenir possible.
Quel imbécile… »
7. Morketid : pour subvenir aux besoins de ses 6 petits frères, l’ainé se prostitue jusqu’au jour où il est repéré par un proxénète qui menace sa famille s’il ne fait pas ce qu’il lui demande. Une revisite du Petit Poucet mode nordique !
« Il se maudit de s’être laissé avoir de cette manière, d’avoir baissé sa garde, d’avoir pris tous ces risques. Mais il faut bien manger. Et survivre. Il n’est pas seul. Ses frères comptent sur lui. C’est pour ça qu’il se vend chaque nuit depuis le départ de leur mère. »
8. Verte l’eau : j’adore le conte de La princesse et la grenouille, et l’autrice l’a revisité de façon originale, la princesse devenant un jeune riche blasé et la grenouille une créature des marais en manque d’amitié.
« Chaque nuit, le petit monstre à la peau moite se glisse auprès de lui et l’étreint de toutes ses forces en souriant comme un possédé. Il s’affaiblit pourtant, et il lui serait facile de le chasser avec l’aide des serviteurs. Mais il s’y refuse. »
9. El Abuelo : c’est au tour de la Belle au bois dormant d’être réinterprété de façon totalement différente avec un artiste insomniaque piqué par une épine de cactus comme protagoniste.
« Son esprit lui suggère des choses qui ne sont pas vraiment là. Le mur n’est pas en train d’onduler, personne ne l’observe, recroquevillé derrière le canapé. Cette tache blanche à la périphérie de son champ de vision n’est pas un spectre. Il n’y a rien qu-dessus du placard de la cuisine, rien d’embusqué non plus derrière les rideaux du salon. D’ailleurs il suffit qu’il se déplace pour que tout s’estompe. Tout n’est que mirage. »
10. Jacob : Une revisite osée de Jack et le haricot magique, dans laquelle Jacob est déporté juif à Auschwitz. Son « travail » consiste à vider les chambres à gaz après extermination. Il lutte chaque jour pour ne pas sombrer dans la folie, et ses plans d’évasion échouent les uns après les autres. Une lueur d’espoir subsiste, mais beaucoup d’obstacles se dressent entre lui et la liberté.
« Jacob sait qu’on peut survivre à la faim et aux coups, qu’il suffit d’être fort. Ce qu’il ignore, c’est qu’on ne peut pas lutter contre la folie. Elle est là, à la périphérie de votre esprit, prêt à s’y faire une place, le moindre événement peut briser votre raison et Jacob ignore combien de temps il sera capable de la repousser. »
11. Rouge : des déserteurs attaquent un foyer. Une petite fille essaie de sauver son petit frère en l’emmenant au cœur de la forêt, auprès de leur grand-mère. Seule face au froid, aux loups et aux hommes, parviendra-t-elle à son but à temps ? Le Petit Chaperon Rouge donne du mal au chasseur !
« Quelque chose se comprime puis se brise et une meurtrissure insupportable lui marque le cœur au fer rouge. La souffrance la ronge. Elle lui brûle les entrailles et la fillette la laisse tout envahir. Devenir rage et fureur. Sang et colère. Une pulsion écarlate qui efface le froid, la glace, le chagrin. »
12. Alfonso : une reprise du conte d’Aladdin dans un contexte de dictature, de révolte et de torture. J’ai un peu moins accroché au protagoniste de cette nouvelle, mais ce texte développe des questions éthiques très intéressantes !
« (Le temps) s »écoule plus lentement que le plus long des hivers sans lumière. Lent et infini comme les siècles qui ont formé la glaces des continents, les montagnes qui s’élèvent au-dessus du sol ou les géants millénaires qui défient la gravité en dominant la terre. C’est une prison d’éternité. »
13. Soeurs-Sirènes : La Petite Sirène et ses sœurs ont frappé un navire, mais ont laissé un survivant. Celui-ci veut absolument percer le secret de ces créatures qui hantent la plage. Comme on l’a déjà vu précédemment, la curiosité est un vilain défaut !
« Elles revinrent, nuit après nuit. Malgré les menaces, les coups et les injures. Elles étaient liées à l’océan. Elles ne pouvaient plus s’éloigner. »
14. Venez à moi : Le joueur de flûte d’Hamelin s’est délocalisé à la montagne. Un homme en phase terminale de cancer voit son lieu de vie en pleine nature se faire coloniser par les chercheurs d’or. Il décide de répondre à la vermine par la vermine.
« Aujourd’hui, je me sens bien. Je sais que les choses se termineront aux pieds des montagnes. Que ce sera comme boucler une existence que j’ai voulue différente, de la manière dont je l’ai toujours rêvée. »
15. Rêves de chair : c’est le seul conte que je n’ai pas su identifier bien qu’elle m’ait rappelé la Bête du Gévaudan. J’ai beaucoup aimé cette histoire d’un homme défiguré par la guerre autant physiquement que psychologiquement et qui tente de recoller les morceaux de son corps et de son esprit brisés.
« Il était dangereux. Il était damné. Il devait disparaître. »
Avril
Iridescence estivale de Cécile Guillot et Mathieu Guibé
16. La jeune fille aux pétales de cerisier : une nouvelle tout en douceur qui explore les méandres de l’amitié entre une proie et un prédateur, une hermine et un renard, unis par une étrange fillette. C’est un texte très touchant, à la fois triste et fort, je l’ai beaucoup aimé !
« Si la tête commande au sourire et qu’il lui est difficile d’admettre la vérité, le cœur commande aux larmes et il ne ment jamais. »
17. Au cœur des brasiers : une orpheline découvre ses dons de sorcières et entre dans leur guilde comme élève. Lors de la cérémonie d’été, elle va faire une rencontre au cœur des flammes à laquelle elle ne s’attendait pas et qui va changer sa vie à jamais. Une ode à la famille, de sang et de cœur.
« Je lui expliquai alors la provenance de ces êtres frappés par le destin. Ces sœurs que nous aurions pu chérir si elles ne nous avaient pas été ravies par la haine et la bêtise humaine. »
18. Les larmes de silice : la source d’eau du royaume s’est tarie et la ressource vitale commence à manquer… Un conte encore une fois très touchant d’une reine qui doit choisir entre sauver son peuple ou son enfant à naitre. Il existe une troisième voie, mais est-elle prête à prendre ce risque ? Une belle leçon de vie, où la maternité est représentée dans sa nature la plus pure, mais aussi comme responsabilités d’un souverain par rapport à son peuple.
« Un verre d’eau attendait près du trône. Le maigre contenu de cette coupe représentait dorénavant bien plus de richesse que tout l’or et les joyaux amoncelés dans les coffres du royaume. La nature ne s’achetait pas, ni ne s’apprivoisait. »
19. Le pêcheur d’astéroïde : un vieil homme raconte l’origine du spectacle qui émerveille tout un chacun chaque année. Un couple que tout sépare, mais qui tente depuis toujours de se retrouver et qui ne perd jamais espoir, pour un instant de bonheur magique par an.
« Son voyage lui avait permis d’allumer son cœur mais le lui avait aussi consumé en l’espace de quelques jours. Meurtri, taciturne, détruit. A son retour, il fut aussi muet qu’une tombe. »
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Septembre :
Octobre :
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Décembre :