L’enterrement des étoiles

Titre : L’enterrement des étoiles

Auteur : Christophe Guillemain

Illustrateur : Abel Klaer

Éditeur : Mnémos

Genre(s) : fantasy mystique

Nombre de pages : 304

L’annonce de la fin est proche. À la cité des Héritiers, le roi Jenophon reçoit la visite de l’oracle annonciateur. C’est le moment que choisit un cirque pour s’installer non loin et offrir un moment de joie. Mais face à l’obscurité qui s’étend, cette compagnie de monstres de foire devra trouver la lumière intérieure, l’unité et l’harmonie, ultimes espoirs d’un pays au bord du gouffre. Dans la nuit d’encre, les étoiles éphémères seront portées par ceux que la société rejette pour leurs différences.

Avec ce premier roman, Christophe Guillemain nous embarque dans un récit aux person­nages forts et attachants où les monstres ne sont jamais ceux qu’on croit. L’Enterrement des étoiles est un bestiaire à la fois sublime et horrifique dans une atmosphère gothique de fin du monde.

Mon avis

Je remercie les éditions Mnémos pour l’envoi de ce roman. La magnifique couverture couleurs nuit et or m’a envoutée et le résumé mentionnant la fin du monde, un cirque et une sombre prophétie a fini de me convaincre de craquer pour cette lecture. J’aime aussi toujours autant découvrir de nouvelles plumes francophones, surtout quand elles sont aussi soignées et pointues que celle de Christophe Guillemain !

Le prophète a annoncé que la nuit tomberait bientôt sur le monde. Des confesseurs, pouvant lire dans la tête des gens en les touchant, sont envoyés parcourir le monde à la recherche de l’élu, celui qui ouvrira le chemin dans le labyrinthe pour mener à la terre promise. Pendant ce temps, Todestre mène son cirque dans la ville pour y donner des représentations des événements liés à la prophétie, bien que les mal-nés soient mal perçus dans la cité. C’est alors qu’un confesseur va se pencher sur un des protégés de la troupe…

On est partagé entre croire à cette obscure prophétie dont les éléments apparaissent un peu trop facilement, et penser qu’il ne s’agit que d’une fable pour donner de l’espoir à un peuple au bord du gouffre. J’ai bien aimé cette ambivalence, soulignée par le fait qu’on suit à la fois les différents personnages du cirque, mais aussi les confesseurs et l’entourage du roi. Certains sont attachants, d’autres font réfléchir, et d’autres encore nous montrent la face la plus sombre du monde.

J’ai pour ma part beaucoup aimé la magicienne Jyss bien que son rôle soit assez ambigu : elle fera tout pour sauver sa peau, même le pire, mais elle est tout de même rattrapée par son altruisme envers ceux qu’elle aime. Les deux enfants atteints de l’errance, maladie qui les transforme petit à petit en plante, sont attendrissants dans les attentions qu’ils ont l’un pour l’autre et envers les autres de la troupe, tout en gardant l’espoir qu’ils pourront guérir de ce mal pourtant incurable. J’ai aimé également suivre le cheminement du confesseur Lauranz, qui voit sa foi remise en question en continu. J’ai par contre détesté l’élu (dont je ne révélerai pas l’identité ici pour ne pas spoiler), qui se prend pour le roi du monde alors qu’il n’était rien au départ (et qu’il n’est peut-être qu’une marionnette dans un plan plus vaste au final) !

Ce monde est peuplé de créatures étranges et mystérieuses : déjà parmi les personnages principaux, on retrouve des anges, des vampires, des magiciens, un homme-ours, une femme à la peau dorée et diaphane, des enfants qui se changent en arbre… Mais ce n’est pas tout, les rues de la cité, ces eaux ou encore ces souterrains regorgent de monstres menaçants, d’obscures présences et de créatures divines. Un répertoire impressionnant et fascinant à explorer !

J’ai trouvé le texte très bien écrit, soigné et qui amène de nombreuses pistes de réflexion sur divers sujets. Ce n’est cependant pas un texte facile à appréhender, il est assez dense dans ses thématiques et dans le cheminement qu’il entreprend. Ce n’est donc pas un roman à mettre entre toutes les mains.

Citations

« Pourquoi faut-il qu’une horreur tangible se substitue à chaque illusion que l’on dissipe ? Pour une fois, ne pourrait-on découvrir, en rompant le charme, quelque chose de doux, une ombre apaisante, une présence bienfaisante, les trésors d’un mystère dont on se délecterait ? »

« Au bout du chemin, au bord du néant où il se tint, il sentit le poids incommensurable des choses infinies écraser chaque parcelle de son être. Sa conscience prise de vertige tomba dans un abîme qui se trouvait au-delà de la terreur et de l’exaltation, elle le porta aux frontières de la folie, qui est comme une mort sans repos, puis elle retrouva sa position initiale, sous son crâne, figée de même que la sève sous l’écorce tant que dure l’hiver. »

Conclusion

Christophe Guillemain nous propose un premier roman atypique et réussi : il nous emmène dans un monde en fin de course peuplé de créatures magiques, vivant de l’espoir qu’une obscure prophétie va le sauver de la nuit. Un texte très soigné, amenant des réflexions intéressantes, mais qui est assez dense et ne sera donc peut-être pas pour tous les lecteurs.

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#FungiLumini

Une réflexion sur “L’enterrement des étoiles

  1. Pingback: L’Enterrement des étoiles, de Christophe Guillemain – Les Chroniques du Chroniqueur

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