Titre : Le Cercle
Auteur : Dave Eggers
Éditeur : Folio
Genre(s) : anticipation
Nombre de pages : 574
Quand Mae Holland est embauchée par le Cercle, elle n’en revient pas. Installé sur un campus californien, ce fournisseur d’accès Internet relie les mails personnels, les réseaux sociaux, les achats des consommateurs et les transactions bancaires à un système d’exploitation universel, à l’origine d’une nouvelle ère hyper-numérique, prônant la civilité et la transparence. Alors que la jeune femme parcourt les open-spaces, les immenses cafétérias en verre, les dortoirs confortables pour ceux qui restent travailler le soir, la modernité des lieux et l’intense activité la ravissent. On fait la fête toute la nuit, des musiciens célèbres jouent sur la pelouse, des activités sportives, des clubs et des brunchs sont proposés, et il y a même un aquarium contenant des poissons rares rapportés par le P. -D. G. Mae n’en croit pas sa chance de travailler pour l’entreprise la plus influente qui soit – même si le campus l’absorbe entièrement, l’éloignant de plus en plus de ses proches, même si elle s’expose aux yeux du monde en participant au dernier projet du Cercle, d’une avancée technologique aussi considérable qu’inquiétante. Ce qui ressemble d’abord au portrait d’une femme ambitieuse et idéaliste devient rapidement un roman au suspense haletant, qui étudie les liens troubles entre mémoire et histoire, vie privée et addiction aux réseaux sociaux, et interroge les limites de la connaissance humaine.

J’avais ce roman dans ma PAL depuis un petit moment : le pitch me rappelait un peu un épisode de Black Mirror, c’était le genre de lecture qui me faisait envie à ce moment-là, je me suis donc lancée. J’ai vu après lecture qu’un film basé sur ce livre était sorti (avec Emma Watson en personnage principal), je le regarderai bien un de ces jours !
Mae est super heureuse car elle a trouvé un boulot dans la boite de ses rêves, aux côtés de sa meilleure amie. Bien sûr, elle commence tout en bas de l’échelle, au service client, mais les possibilités de grimper sont multiples au sein du Cercle. L’entreprise a tout pour plaire : un super campus, des employés souriants et sympas, un réseau interne sur lequel les employés communiquent en plus du réseau externe, une super couverture mutuelle, des événements stimulants organisés tout le temps, bref il y a une effervescence constante des idées, des gens au sein de l’entité. Mais cette surface lisse et brillante ne cache-t-elle pas des choses?
La question principale que pose ce roman est celle des limites à mettre avec les nouvelles technologies, de la vie privée, de la surveillance, de la transparence d’un individu par rapport aux autres et de toutes les questions qui tournent autour de ces sujets. Ce roman propose des idées qui personnellement m’ont révoltées, mais qui sous l’influence du Cercle deviennent tout à fait acceptables pour tous ses adeptes. Pour ne citer qu’un exemple, le Cercle a comme projet de commercialiser des mini caméras, et un des arguments de vente serait de pouvoir les placer chez un parent âgé, avec des difficultés, à son insu, pour toujours savoir qu’il va bien et pouvoir l’aider en cas de besoin. Ils invoquent la tranquillité d’esprit que cela apporterait, sans remettre en question la volonté de la personne d’être filmée ou non, de pouvoir bénéficier d’une vie privée. L’argument souvent évoqué est aussi qu’on ne fait pas des choses répréhensibles si on sait qu’on nous regarde… Le tout saupoudré de bienveillance malsaine et d’enthousiasme mal placé. Un roman qui amène de nombreuses réflexions sur les nouvelles technologies et leur utilisation.
Mae est une employée modèle : elle veut tout faire pour s’intégrer dans ce nouveau monde, et pour plaire à tout le monde. Ses performances sont notées en continu, mais aussi ses relations sociales et son ranking sur les réseaux. Elle vit dans un monde de classements et ne rêve que d’être la mieux notée possible. Elle va d’ailleurs faire un grand pas en avant dans la société en acceptant d’être la première « transparente » : du lever au coucher, elle porte une caméra autour du cou qui montre à tous ses abonnés (de plus en plus nombreux) ses moindres faits et gestes. Le voyeurisme n’a presque plus de limite (elle peut juste enlever l’image et le son quand elle va aux toilettes). De personne anonyme et insipide, Mae va devenir la superstar du Cercle, mais à quel prix ?
Le Cercle passe presque pour une secte, avec ses adeptes de plus en plus nombreux. Certains citoyens résistent, et on assiste à des situations dramatiques de personnes qui refusent d’entrer dans le système, mais qui sont entourés de toutes parts et n’ont d’autre choix que de se résigner ou de partir toujours plus loin. La personnage principale adhère tout à fait aux idées du Cercle et le défend corps et âme, même si elle perçoit parfois les failles et les dangers, elle préfère se voiler la face et continuer à évoluer dans son monde si parfait. J’avais parfois envie de la secouer pour qu’elle ouvre les yeux sur ce qu’elle était en train de dire/faire !
Si j’ai trouvé qu’il y avait quelques longueurs, j’ai globalement apprécié ma lecture : découvrir les coulisses d’une telle entreprise au travers les yeux d’une employée lambda qui y évolue était intéressant. Cela fait peur aussi de voir comment une telle entité peut faire changer les mentalités, et pousser vers des extrêmes que j’espère nous ne verrons jamais. La fin était osée, tout comme le reste du roman ! Le Cercle finira-t-il par se refermer ?

« Mais ce que je veux dire, c’est que se passerait-il si nous agissions tous comme si nous étions observés ? Ça nous permettrait de vivre de façon plus morale. Quels sont les individus qui oseraient faire quelque chose de contraire à l’éthique, à la morale ou à la loi s’ils se savaient observés ? »
« – Mercer, le Cercle, c’est un groupe de gens comme moi. Tu crois qu’on est tous dans une pièce, quelque part, à vous observer, et que notre but est de dominer le monde ?
+ Non. D’abord, je sais que c’est des gens comme toi. Et c’est précisément pour ça que c’est tellement flippant. Individuellement, vous n’avez aucune idée de ce que vous faites collectivement. »

Un roman qui questionne les limites éthiques des nouvelles technologies : y sont développées des idées extrêmes et révoltantes actuellement, mais le seront-elles encore dans quelques années? On entre dans le Cercle avec Mae, une jeune fille sans histoire qui veut se faire une place dans ce monde si parfait, qui va y parvenir, mais à quel prix ?

#FungiLumini
J’ai vu le film il y a peu et il m’a vraiment marqué et questionné. Comme tu le dis si bien on a l’impression de se retrouver dans un épisode de Black Miror et c’est assez flippant (surtout que le parallèle avec des entreprises réels est assez clair). Je suis curieuse de lire le roman du coup et de voir comment tout ça y a été développé.
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