Le silence de la mer

le silence et la mer

 

Titre : Le silence de la mer
Auteur : Vercors
Éditeur : Le livre de poche – Lgf
Genre : Recueil de nouvelles
Nombre de pages : 189 pages

 

Résumé
Ce recueil de nouvelles regroupe plusieurs récits dont Le silence de la mer. Celui-ci raconte comment une famille française a été obligée d’accueillir un officier allemand chez eux pendant la guerre. C’est l’état qui le leur a imposé, ils n’ont pas pu refuser, en revanche, ils avaient encore le pouvoir de résister à leur manière : ils ont décidé de ne jamais lui adresser la parole, et ce silence, va devenir très lourd…
S’en suivent plusieurs autres récits, plus courts, racontant tous un épisode lié à la guerre, en France.

 

Extrait
« Mais regarde-les, cria-t-il, et salue-les donc, et bave-leur donc ton admiration et ta reconnaissance ! A cause de ce qu’ils te font penser de toi-même. Puisque te voici, grâce à eux, un homme si content de soi ! Si content d’être un homme ! Si content d’être une créature tellement précieuse et estimable ! Oh ! oui : remplie de sentiments poétiques et d’idées morales et d’aspirations mystiques et tout ce qui s’ensuit. Nom de Dieu, et des types comme toi et moi nous lisons ça et nous nous délectons et nous disons : « Nous sommes des individus tout à fait sensibles et intelligents. » Et nous nous faisons mutuellement des courbettes et nous admirons réciproquement chacun de nos jolis cheveux coupés en quatre et nous nous passons la rhubarbe et le séné. Et tout ça qu’est-ce que c’est ? Rien qu’une chiennerie, une chiennerie à vomir ! Ce qu’il est l’homme ? La plus salope des créatures ! La plus vile et la plus sournoise et la plus cruelle ! Le tigre, le crocodile ? Mais ce sont des anges à côté de nous ! Et ils ne jouent pas de plus au petit saint, au grave penseur, au philosophe, au poète ! »

 

Mot sur l'auteur
Vercors est le pseudonyme emprunté par l’écrivain Jean Bruller afin de publier ses titres de façon clandestine pendant la Seconde Guerre mondiale. Entré dans la résistance, il a écrit de nombreux ouvrages sur le thème de la guerre et de l’occupation.

Mon avis

Les récits de Vercors sont tout simplement prenants. Ses descriptions sont vives et émouvantes, à chaque mot lu on se sent projeté dans le lieu et l’époque qu’il décrit. Bien évidemment, ses récits sont tristes puisqu’ils sont ancrés au cœur de la Seconde Guerre mondiale, mais ils ne sont pas larmoyants. Ils sont justes, ils expriment avec une certaine fatalité et beaucoup de tendresse les conditions de vie de l’époque. Avec Le silence de la mer et les autres petits récits qui suivent celui-ci, on suit différents acteurs de l’occupation allemande. On est tantôt aux côtés d’un homme et de sa nièce qui sont obligés d’accueillir un soldat allemand, tantôt dans la peau d’un homme dont la femme vient d’être déportée et qui doit à tout prix protéger son enfant, tantôt dans la peau d’un déporté ou encore dans celle d’un résistant. Mais à chaque fois, on est du côté des « gentils », des opprimés de ceux qui veulent faire triompher la justice et franchement, grâce à ces personnages on ne peut pas s’empêcher de se sentir naïf et de croire encore au bon fond de l’humanité…

Dans Le silence de la mer, les deux français qui ont dû accueillir un officier allemand ont été chanceux : ils ne sont pas tombés sur une brute, sur l’ennemi haïssable qu’ils s’étaient préparés à affronter ; ils ont fait la rencontre d’un officier naïf pensant encore que l’occupation allemande en France pourrait se solder par une alliance fructueuse et enrichissante entre ces deux cultures. Le soldat rêvait d’union, de mélange et de partage et ne comprendra que trop tard que ce n’était pas du tout sous cet angle que l’occupation était envisagée…
L’homme et sa nièce qui l’accueillent ont décidé de résister à l’occupation en n’adressant pas la parole à l’officier, mais petit à petit on sent qu’ils finissent par éprouver de la tendresse pour lui. Ils en viennent même à attendre ses monologues quotidiens avec impatience… C’est une jolie histoire de tendresse entre des hommes que la guerre a rendu ennemis quand humainement aucun des deux camps ne parvient à se détester.

Les autres petits récits sont également très beaux. Même si certains d’entre eux sont très courts, l’auteur parvient en quelques pages à peine à nous engager dans une histoire forte et émouvante. Il n’a besoin que de quelques lignes pour susciter la curiosité de ses lecteurs et les embarquer dans une histoire chargée d’émotions très fortes… Rien n’est superflu, certains sous-entendus flottent dans l’air, ce qui rend le récit très léger malgré la dureté des événements qui le composent… Par exemple, j’ai beaucoup aimé la nouvelle dans laquelle un petit garçon raconte une promenade assez particulière qu’il a faite avec son père. En quelques pages, on comprend que le petit garçon et son père sont en train de fuir la Gestapo sans en avoir réellement conscience et dans un récit très court, le personnage connaît une très grande évolution, il s’endurcit véritablement. Pourtant le récit est très court et reste très vague, seules quelques impressions nous sont livrées en toute légèreté et c’est cela qui fait la puissance du style de l’auteur…

Chacune des nouvelles mérite d’être lue et chaque jour, j’étais heureuse de faire la connaissance des personnages héroïques qui les animaient ! Vraiment, c’était un bonheur de vivre ces histoires inspirées d’un passé européen peu glorieux à travers la plume de Vercors.

Conclusion

C’est un livre très émouvant au ton très juste et très bien écrit. Je le recommande fortement !

coup de coeur

#Marty

5 réflexions sur “Le silence de la mer

  1. J’ai lu ces nouvelles il y a fort longtemps mais je me souviens avoir notamment apprécié celle qui donne son titre au recueil. J’ai trouvé que c’était plein d’humanité et pas manichéen, un très beau livre.

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  2. Pingback: #08 C’est lundi, que lisez-vous? | Livr'aisons littéraires

  3. J’ai beaucoup entendu parler de ce livre quand j’étais au lycée, mais malheureusement je n’ai pris le temps de lire. Vu ton avis il faut vraiment que je me rattrape car je suis passer à côté d’un petit bijou 😉

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